Carnet de bord de Martine et FX en Albanie, septembre – décembre 2018

 

https://www.actualitix.com/wp-content/uploads/2017/07/carte-relief-albanie.jpg

 

Toutes nos photos du séjour sont maintenant visibles

Vous pouvez aussi aller voir celles de notre voyage en 2009

 

C’est parti pour une nouvelle mission de 3 mois, on reste dans les pays ex-communistes puisque nous allons passer quelque temps à Tirana, la capitale de l’Albanie.

Notre mission (ça fait roman d’espionnage) de septembre à décembre 2018 sera de mettre en place un enseignement scientifique de quelques heures par semaine en français à l’école Victor Hugo pour des élèves albanais ayant déjà une assez bonne pratique de notre langue, ça c’est pour FX. Quant à Martine, elle aura la lourde tâche d’assurer la diffusion de la littérature (un bien grand mot !) française auprès des mêmes chères têtes pas blondes qui lui seront confiées.

 

Pour commencer, il faut aller en Albanie : avion ou voiture ?

Nous avons opté pour la voiture, cela nous permettra plus de liberté pendant les WE, car nous savons déjà que les possibilités touristiques de Tirana sont assez limitées et n’avons pas trop envie de goûter aux joies des transports en commun relativement mal organisés d’après ce que nous avons cru comprendre.

 

 

Donc voiture via Ancône et un ferry de nuit pour Durrës moyennant une nuit dans un hôtel en Italie car on n’a pas le courage de faire Lyon-Ancône d’une seule traite.

 

Petit rappel sur l’histoire récente de l’Albanie

 A l’issue de la deuxième guerre mondiale, le leader communiste stalinien Enver Hoxha devient le principal dirigeant de la république populaire d'Albanie, proclamée en 1946 et s'installe, de fait, en dictateur du pays.

La politique qu'il suit est au départ d'inspiration stalinienne. Le pays s'écartera de l'influence soviétique à partir de 1961 et se rapproche de la Chine. A partir de 1978, le dictateur choisit un isolationnisme complet, cherchant à vivre en autarcie totale.

Le pays s'enfonce encore davantage dans l'isolement, la répression, le retard technologique et économique.

Après la mort du dictateur en 1985 et l’assassinat de son successeur, le régime s'ouvre au multipartisme en suivant le mouvement amorcé dans d'autres pays « ex-communistes » européens.

En 1992 un premier président est élu démocratiquement.

Une nouvelle constitution ratifiée en 1998 pose les bases d'un État de droit garantissant les libertés individuelles.

L’Albanie est le deuxième pays le plus pauvre d’Europe après la Moldavie.

Le pays compte actuellement 3 millions d’habitants. De nombreux Albanais partent pour trouver du travail, certains viennent en France mais ont peu de chance d’être acceptés.

  

Deux exemples de la folie du régime communiste

 

 

On trouve de nombreuses traces de la dictature complètement paranoïaque. Par exemple le pays était truffé de mini-blockhaus (environ 173 000 réellement construits) comme celui-ci, en pleine ville.

 

Paranoïa toujours. Le dictateur a fait construire plusieurs bunkers pour s’y réfugier en cas d’attaque. En fait de bunker, c’était presque une ville souterraine pour celui que nous avons visité. Ils sont maintenant transformés en musées.

 

L’Albanie aujourd’hui (synthèse de différents articles de presse).

Le pays est candidat à l'entrée dans l'Union européenne, il est (à peu près) démocratique

Mais reste le problème des mafias, de la corruption et de l'exode des jeunes qui n’ont pas de travail sur place.

L'Albanie est un des pays les plus pauvres d'Europe, avec un salaire moyen de 340 euros et un chômage qui frappe 14 % de la population active, même si ce taux est retombé au plancher de 2013. Un jeune sur trois est sans emploi. Ce qui a nourri un des pires exodes de la planète : on estime qu'un tiers des 4,1 millions d'Albanais d'alors a quitté le pays depuis la chute en 1991 du régime totalitaire installé par Enver Hoxha pour émigrer en Suisse et en Allemagne. L'exode se poursuit, avec une émigration économique déguisée en demandes d'asiles, ce qui semble de nature à plomber son dossier à Bruxelles.

Le pays, il est vrai, manque de ressources, car son économie repose encore fortement sur l'agriculture, qui emploie la moitié de la main-d’œuvre, souvent dans des exploitations agricoles de moins de deux hectares.

Pour lutter contre le fléau de la corruption, le gouvernement a lancé en 2017 une unité de police chargée de vérifier les individus dont les biens immobiliers, comptes courants ou voitures de luxe sont incompatibles avec leurs revenus déclarés.

Mais les mafias albanaises demeurent très puissantes dans le racket, la prostitution, le trafic d'héroïne, cigarettes, armes et, surtout, d'êtres humains.

 

 

Quelques mots sur l’école Victor Hugo de Tirana où nous allons officier.

Fondée +/- en 2000, 10 ans après la chute de la dictature, elle débute avec 15 élèves et en compte actuellement (2018) +/- 400, encadrés par une trentaine d’enseignants. Selon la direction, c’est une des meilleures écoles d’Albanie. C’est une école privée.

Les élèves font tous du français depuis la maternelle. Il y a une partie primaire et une partie collège. La direction vient de poursuivre avec une partie lycée. Une Xème (=2de) a ouvert à la rentrée 2018-2019, ainsi qu’une XIème (=1ère) et une XIIème (=Tale).

Pour mémoire, il n’y a pas de lycée français affilié à l’AEFE (= Agence pour l’enseignement français à l’étranger, établissement public français chargé du suivi et de l’animation du réseau des établissements d’enseignement français à l’étranger) en Albanie.

Voir éventuellement https://ecole-vhugo.com/, mais c’est en albanais !!!

 

Comme nous sommes allés en exploration au mois de mai nous avons déjà quelques « instantanés » de l’école à vous proposer.

 

 

Les bâtiments de l’école.

Les immeubles à Tirana sont bien souvent « hauts en couleur ».

En haut, sur la façade, il faut reconnaître « Victor Hugo » en Albanais.

 

Les élèves présentent en ville, dans la grande rue piétonne de la capitale, les œuvres qu’ils ont réalisées au cours de l’année.

 

Remise de diplômes de FLE (français langue étrangère = langue française enseignée à des non francophones, dans un but culturel, professionnel ou encore touristique). Au centre, la directrice, à gauche notre interlocutrice principale, Rudina, parfaitement francophone.

 

 

 

 

L’école organise de nombreuses fêtes, ici spectacle en français, au programme des chants, des poésies et des danses.

 

DU JEUDI 13 AU SAMEDI 15 SEPTEMBRE

Pour aller en Albanie, il faut bien 2 jours de route car il y a plus de 800 kms de Lyon à Ancône.

Départ de Lyon jeudi matin dès l’aube ou presque.

Première étape un motel au milieu du trajet à Castel San Giovanni précisément. Curieux motel proche de l’autoroute qui héberge surtout des travailleurs mais pas que… Cela dit, rien à dire, grand confort et surtout parking surveillé, ce qui est appréciable quand on a une voiture pleine de bagages.

Nous en profitons pour jeter un œil au château de Chignolo Po, commune jumelée avec Brindas, qui se trouve dans les environs.

 

 

Malheureusement nous ne pouvons pas visiter ce « Versailles lombard » en raison de l’heure tardive. Nous notons également le passage à Chignolo de la Francigena, la fameuse route empruntée par Sigeric de Canterbury à Rome dont nous avons parcouru plus de 170 km à pied lors de notre randonnée de juillet en Champagne.

 

 

Ensuite direction Ancône pour un embarquement qui n’est pas très simple à comprendre : il faut pour commencer s’enregistrer à un certain endroit puis arriver à trouver le bateau à un autre endroit. Le port n’est pas très moderne et la signalisation pas évidente !

Le bateau devait partir à 17 h mais de nombreux camions sont arrivés « hors délais », le bateau les a apparemment attendus. Résultat, lever de l’ancre aux environs de 18 h.

 

Que dire de la traversée : bateau pas très moderne, aucune distraction, il y a intérêt à se munir de lecture ou vidéos pour faire passer le temps. Nourriture pas terrible, il faut dire que c’est un ferry avec comme principale clientèle des chauffeurs routiers.

Arrivée à Durrës (le fameux Dyrrachium où Pompée réussit à échapper pour un temps à César lancé à sa poursuite) vers 11 h 30, le temps de récupérer la voiture après la sortie de tous les camions, nous quittons le port vers 13 h 30.

Là, le chauffeur de l’école nous attend et va nous conduire à bon port, à Tirana situé à une quarantaine de kms de Durrës. C’est lui aussi qui est chargé de nous faire découvrir l’appartement, au 8ème étage d’un immeuble tout à fait convenable, qui va nous abriter pendant les 3 mois de notre séjour.

 

DIMANCHE 16 SEPTEMBRE

Petite description de l’appartement.

Il est situé sur une grande artère de la ville, Rruga e Elbasanit, non loin de deux bâtiments universitaires, un public et un autre, plus moderne et qui semble plus luxueux et privé. Tout près aussi se trouve une énorme ambassade, celle des USA.

 

Notre immeuble = le point bleu sur le plan

 

Sans être au centre-ville, nous n’en sommes pas très loin, il y a des commerces dans le voisinage. Nous sommes proches de l’école où nous irons bien sûr à pied et proches d’un grand parc public où nous pourrons aller faire notre promenade hygiénique.

Nous disposons de tout le confort moderne avec wifi (qui ne débite pas beaucoup), climatisation, etc.

Un petit descriptif viendra peut-être plus tard. Juste quelques photos pour illustration.

 

 

 

 

 

Hall d’entrée

SdB

 

Chambre

Salon, salle à manger, cuisine : bref, la pièce de vie

 

L’université privée et derrière la publique

 

La grande artère, Rruga e Elbasanit,

L’ambassade US

 

Notre immeuble (à gauche) et l’université privée

Nous n’avons pas le jardin – terrasse du dernier étage, dommage !

 

Cette après-midi, une fois la forte chaleur passée, nous allons faire un grand tour dans le parc qui jouxte presque notre magnifique résidence, mieux que Magenta quand même pour ceux qui ont suivi nos « aventures » en Nouvelle-Calédonie.

Le parc en question s’appelle « Parku i Madh Kodrat e Liquenit » ce qui veut dire « Le Grand Parc des collines de Liquen » (traduction Google).

C’est le lieu de promenade des citadins qui ne peuvent partir de la ville. Il y a foule dès que la température permet une promenade sans être écrasé par la chaleur, c’est-à-dire à partir de 17 h. Mais attention, la nuit tombe tôt, 19 h en ce moment. Reste à savoir si le parc est éclairé la nuit, faudra que l’on vérifie.

Dans ce grand parc on trouve de tout : des mémoriaux aux Anglais tombés pendant la deuxième guerre mondiale, aux Allemands, aux femmes qui se sont révoltées contre … on n’a pas pu traduire toute la plaque commémorative, un lac artificiel, une église, des jardins offerts par différents pays comme le Japon et le généreux (!) Qatar… et des restaurants – glaciers que nous avons testés avec empressement ! On trouve même des petits marchands pourvus d’une balance, prêts à vous peser pour quelques leks.

 

Eglise Saint-Procope transformée en bar pendant la dictature puis en grande partie reconstruite

 

Artiste célèbre… en Albanie

 

Généreux Qatar et statue très « socialiste » !

 

Concurrence au statuaire « socialiste » albanais

 

 

 

Pas de dimanche sans glace ! Le lac artificiel en fond

LUNDI 17 SEPTEMBRE

Jour de rentrée.

Grande fiesta dans la cour pour marquer le coup : élèves sur leur 31, parents apportant des fleurs, papouilles élèves – profs à qui mieux mieux, etc. Y’avait de l’ambiance !

 

Ecole en mai : avant les travaux

Ecole maintenant : nouveau bâtiment « presque » fini, ça a complètement changé

 

Ballons, danses, musique, etc.

Inauguration : on va couper le ruban

 

Cela dit, la rentrée, c’est un BIG BAZAR.

Pas d’emploi du temps, livres pas commandés, on ne sait pas ce que l’on va faire demain et encore moins les jours suivants !

Pas d’affolement, il paraît que c’est comme ça à toutes les rentrées.

 

SAMEDI 22 SEPTEMBRE

Hier, et un autre jour de cette semaine, nous avons expérimenté les galeries marchandes albanaises.

Pour commencer celle du centre-ville, Toptani, grand luxe, boutiques qui ne doivent pas être accessibles aux Albanais moyens, pas beaucoup de clients, de nombreux locaux en attente de commerce.

 

 

Hier, courses à l’hypermarché le plus proche de chez nous, Spar (sans publicité aucune). Quand nous disons proche, il faut nuancer. C’est à l’extérieur de la ville, +/- 5 km, dans un quartier tout récent pour nouveaux riches. Les locaux peuvent s’y rendre en bus direct depuis le centre-ville et ils sont nombreux à le faire. Il faut dire qu’il y a tout, (h)ipermarket, cinéma, « bouffodrome » (= salle commune avec nombreux « fast food » locaux, pas de Mac Do), même un Swarovski , seul magasin de la galerie où les prix sont indiqués… en €.

Sinon, centre-ville, on trouve essentiellement des petits commerces individuels et des petits supermarchés.

Aujourd’hui, première sortie hors de Tirana, destination Prezë, à une trentaine de km et Krujë un peu plus loin.

Pour commencer, un « magnifique » bâtiment juste à la bretelle menant vers l’aéroport, nous n’arrivons pas à savoir à quoi il correspond. D’après internet ce serait un hôtel : Hotel Amadeus Palace. C’est vraiment d’un goût renversant.

 

Cerné par l’autoroute !

Même le pompiste de la station située en face ne sait pas ce que c’est !!!

 

Pour atteindre notre destination, Prezë, gros problème, route coupée pour raison de travaux, mais pas la moindre signalisation pour dire comment faire. Après pas mal de réflexion et bonne lecture de carte nous trouvons la solution, mais ça nous a pris un bon moment !

Prezë est un petit bourg en hauteur, au-dessus de la plaine de Tirana et de l’aéroport qui s’appelle évidemment … Nënë Tereza ou, pour ceux qui n’ont pas décodés Mère Théresa, une des 2 héros de l’Albanie.

Ce village porte paraît-il le surnom de « balcon de Tirana » à cause de sa vue à 360° sur les environs.

On peut y voir une forteresse et une jolie petite mosquée du XVIème siècle que nous avons visitées.

 

 

 

 

 

 

 

Inévitable blockhaus

Petit puits dans le village

 

Vue sur la plaine de Tirana mais avec un peu de brume

De là nous passons à Krujë, haut lieu du tourisme albanais.

La ville comporte une citadelle, un musée ethnographique, et un musée en l’honneur du 2ème héros national de l’Albanie : Scanderbeg, de son vrai nom Georges Castriote, est un seigneur albanais du XVᵉ siècle considéré comme la Figure majeure du nationalisme albanais pour sa résistance à l'Empire ottoman. Il y a également un bazar reconstitué.

Commençons par le musée ethnographique, une maison des XVIIIème et XIXème siècles, occupée jadis par la famille Toptani, une puissante famille musulmane d’Albanie.

 

La maison

 

Le jardin

Chambre des domestiques

 

Mezzanine = chambre des enfants

Cuisine

Hammam

 

Ensuite le musée Scanderbeg, plus kitch, tu meurs !!!

Inauguré en 1982, donc pendant la dictature, dessiné par la fille du dictateur Enver Hoxha, tout à la gloire du héros national voire plutôt mondial, c’est ce que veulent démontrer les différents objets exposés. On a même découvert que Vivaldi a écrit un opéra sur le bonhomme !  Scanderbeg, tel est le titre, opéra en trois actes, (probablement inconnu au bataillon des mélomanes ?) !

 

Musée pur béton !

 

« The » héros !

 

 

 

 

Enfin, le bazar reconstitué, rempli d’objets pour toutous, faut bien faire attention à identifier les souvenirs « made in Albania ». On trouve même des cendriers en forme de bunkers (souvenirs de la dictature que l’on trouve dans l’Albanie tout entière).

 

 

Mugs Mère Tereza et dictateur ensemble

 

 

Des ouvrages de la période de la dictature en vente

 

On a l’impression que la mosquée est collée à l’hôtel

On a l’impression d’être dans un souk

 

Dernière remarque pour aujourd’hui : la conduite n’est pas facile ! Les Albanais, du moins certains mais ils sont nombreux, sont de vrais dangers publics ! Pas de visibilité pour doubler, pas grave, on y va ! Ça ne passe pas par la gauche mais il y a de la place à droite, on fonce !

Etat des routes : moyen. Il faut être vigilant, bonne route et tout d’un coup plus de goudron !

Prix de l’essence : 178 lek/L soit 1,41 €/L donc moins cher qu’en France, mais ça doit être un prix élevé pour les Albanais.

 

DIMANCHE 23 SEPTEMBRE

Nous parton à l’assaut du mont Dajti (1 500 m d’attitude quand même) … en téléphérique.

Le parc de la montagne Dajti (également appelé parc national du Mont Dajti) (en albanais : Parku Kombëtar je Malit Dajtitm) est un parc national d'Albanie. Il est situé à quelques km à l'est de la capitale.

Il a une superficie de 293 km², il est très fréquenté, car très proche de la capitale. Il est considéré comme le « Balcon naturel de Tirana », encore un.

Ceci permet de comprendre que Tirana est entourée de montagnes.

Donc un téléphérique part du haut de Tirana et nous emmène en un quart d’heure à 1 100 m.

A la gare terminus, on trouve tout ce qu’il faut pour occuper le touriste : resto, hôtel, stand de tir, cheval pour les enfants, petites voitures tout-terrain à louer et ordures… l’endroit n’est pas bien propre. De toute façon les ordures sont un des gros problèmes de l’Albanie. On en reparlera peut-être un jour.

Pour les plus courageux (nous évidemment), possibilité de balades en forêt mais ce n’est pas très facile de s’y retrouver entre les différents chemins qui ont le même balisage.

Le lieu est très fréquenté le dimanche mais l’ambiance familiale rend supportable cet inconvénient.

 

Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un téléphérique, c’est le nom donné ici, en fait des télécabines.

Ce transport a été construit en 2005 par une entreprise autrichienne.

C’est le seul téléphérique d’Albanie, semble-t-il

 

Pris en photo par une Hongkongaise

 

Tirana dans la brume, ou un « léger » nuage de pollution (?)

 

Ancien hôtel d’état ?

 

Encore un blockhaus !

Gare d’arrivée – hôtel – bar

Tir à la carabine

Un peu de nature quand même !

A remarquer : la température très agréable alors qu’en bas c’est la fournaise (34 °C aujourd’hui).

 

MERCREDI 26 SEPTEMBRE

Petit tour dans le quartier central de Tirana, là où se trouve la fameuse statue de Scanderbeg qui doit s’appeler place Scanderbeg.

Oh surprise, la place est envahie… par des Turcs qui sont là pour faire de la pub pour leur pays. Notre pauvre héros doit se retourner dans sa tombe !

 

Le héros, une très ancienne mosquée et au fond un hôtel de luxe tout récent

 

 

Non, nous n’avons pas essayé

 

 

A Tirana, on est très « sport », du moins, on l’affiche.

 

 

Sur le chemin du retour, découverte d’une magnifique villa qui a un passé bien chargé, elle fut, entre autres, résidence en 2002 de l’ex-reine consort d'Albanie (1938-1939), par son mariage avec le roi Zog Iᵉʳ (ça fait très Tintin comme nom), la reine Géraldine. Et il y a toujours un prétendant au trône.

 

 

 

 

La villa Bardha

 

Et pour finir, nos deux commerces préférés que nous fréquentons quasiment tous les jours.

 

Bon pain et bons gâteaux

Tout ou presque sans faire la queue

En plus imbattables pour les horaires : 8 h – 22 h, dimanche compris

 

SAMEDI 29 SEPTEMBRE

Quelques photos au hasard de nos pérégrinations en ville cette semaine.

 

Frédéric Chopin qui semble être honoré par quelques admirateurs

Un des seuls vestiges de la période ottomane : le pont des tanneurs. Il y a bien longtemps que l’eau ne coule plus dessous

 

La grande mosquée toujours en construction

C’est soi-disant la plus grande d’Europe !

 

Presque toutes les ambassades sont regroupées dans une seule rue, la rue Skanderbeg. Du temps de la dictature, les étrangers n’étaient pas forcément bien vus, les diplomates étaient « parqués » dans un seul endroit, la rue était fermée aux deux bouts et gardée. Dans cette rue, on trouve bien sûr l’ambassade de France, c’est la raison de notre visite.

 

La rue, toujours fermée à la circulation automobile

 

 

 

 

Notre ambassade

 

 

 

 

A l’entrée de la rue des ambassades, un hôtel de luxe (un de plus, pour diplomates ?) et une statue toute récente, celle d’Adam Jashari, né le 28 novembre 1955 à Prekaz est mort assassiné le 5 mars 1998. Il est un des principaux fondateurs et dirigeants de l'Armée de libération du Kosovo. Il est considéré comme un héros national par les Albanais au même titre que Skanderbeg (on en apprend tous les jours !)

 

 

On croise encore des choses curieuses le long des rues ou des places, les statues sont d’ailleurs très fréquentes

 

L’ennemi (capitaliste) doit être détruit !

Sulejman pacha bargjini, général ottoman

 

Très patriotique !

 

 

 

 

Statues en rotin, très fréquentes

Parapluies… de Tirana

 

Certaines pâtisseries proposent des gâteaux très colorés !

 

Vendredi soir, l’université privée qui est à côté de chez nous remet leur diplôme à ses lauréats

 

 

 

Le quartier de Pazari i Ri (Nouveau marché) a été entièrement refait avec l’aide de capitaux américains. Du coup le marché a perdu une partie de son caractère pittoresque et traditionnel ; il est devenu « clean » et pimpant (bobo selon FX)

 

Marché actuellement

 

Le même en 2009

 

 

 

Poissonnier en 2018…

 

… et en 2009

 

 

 

Les échoppes des ruelles voisines, moins apprêtées, attirent pourtant plus de chalands.

 

Matériel d’occas

 

 

Les Albanais semblent très friands de fromages et l’on rencontre énormément de ces parallélépipèdes blancs au goût de feta grecque.

 

Samedi aprem’, près du quartier des ambassades, visite des seules ruines romaines de Tirana : une villa avec quelques restes de mosaïques et quelques traces au sol.

Il s'agit des plus anciennes traces romaines dans la capitale. Découvertes fortuitement lors de travaux de rénovation urbaine effectués en 1972 (lors de la construction du quartier « Partizan «), ces mosaïques proviennent d'une ancienne villa romaine du IIIème siècle, à l'emplacement de laquelle fut édifiée une église dédiée à saint Jean (Shëngjin) un peu plus tard. Protégées par un petit toit, certaines forment des motifs géométriques, d'autres représentent des animaux de basse-cour et des poissons.

Dans le petit parc, quelques vieilles pierres sont également visibles comme l'ancienne iconostase de l'église.

 

La mosaïque

 

Une stèle

 

Le plan de la villa

 

Un peu plus tard, fête française sur la grande place de Tirana, la place Skanderbeg évidemment.

Cette fête était destinée à faire connaître la langue française. Du côté des langues, rien, mais joli spectacle d’une heure environ avec musiciens - amuseurs publics français, une acrobate, des danseuses albanaises, etc. et même une fanfare albanaise. Beaucoup de monde, bonne ambiance, spectacle réussi.

 

Les musiciens - amuseurs publics français

 

La foule

Danse albanaise

 

Les musiciens s’envoient en l’air

L’acrobate

 

 

Et pour terminer, deux énigmes : quelle est la signification de ces deux équations ?

 

 

 

DIMANCHE 30 SEPTEMBRE

Nous allons visiter la bonne ville d’Elbasan. Nous disons « bonne » par euphémisme !

Durant la période communiste, un plan industriel de grande envergure est lancé avec l’aide de la Chine, regroupant 3 usines (traitement du minerai de fer, de nickel, de chrome et centrale thermique), portant la population de la ville à 75 000 habitants. Résultat : une pollution fort importante et actuellement un complexe en ruine d’où ne subsistent que quelques industries qui utilisent les restes du site.

 

L’ensemble est vraiment sinistre et fait froid dans le dos. Notre guide évoque du reste un grand nombre de cancers dans cette ville et ajoute que selon certains mauvais plaisants c’est à Elbasan que serait né le fameux aigle à deux têtes, emblème de l’Albanie.

 

 

Ici, ça doit fonctionner encore

 

Cela dit, la ville semble prospère est fort animée. Et dans cette ville on trouve quoi ? Une citadelle évidemment !

Et dans la citadelle, devinez quoi qu’y a ? Une mosquée, la mosquée du Roi, une église, l'église de la Vierge-Theotokos, des petites rues très calmes. Ça n’a rien d’extraordinaire mais l’on se sent bien, point de touristes à l’horizon, des gens gentils qui donnent la bonne direction sans que l’on demande.

 

 

 

Mur d’enceinte et tour de l’horloge

 

 

Fontaine à l’entrée de la citadelle

Rue calme, toutou et mosquée du Roi

 

Mosquée…

… toujours

 

 

 

Eglise de la Vierge-Theotokos

Iconostase d’époque

 

La seule fresque que les cocos n’ont pas détruite

Naissance d’Eve

 

Il faut juste signaler que le pope (ou son bedeau), n’a pas oublié de nous faire cracher au bassinnet (500 lek ou 4 €), la paroissienne qui s’occupait de l’église était nettement plus sympa !

 

Mosquée en construction dans la ville moderne

Reste de basilique paléobyzantine

 

Une fois la visite faite, nous déambulons dans la ville moderne qui est un véritable marché à ciel ouvert. Les Albanais ont deux, trois petites choses à vendre, hop, ils installent un bout de tissu sur une table ou par terre et attendent tranquillement le chaland. Il faut dire qu’il fait encore très beau, en sera-t-il de même en hiver ?

Ensuite nous partons à la recherche d’une petite église dans la montagne, l’église saint-Nicolas de Shelcan (kisha e shën Kollit).

L’extérieur n’a rien d’extraordinaires mais les murs intérieurs de cette petite église orthodoxe sont entièrement couverts de fresques réalisées par Onufri en 1554-1555.

L'église date du XIVème siècle et a été remaniée au XVIème. Elle a été construite selon le plan classique d'une basilique byzantine, avec une abside et un plafond en bois. Mais ses dimensions ont été adaptées au terrain et aux faibles moyens de ses commanditaires. L'église pourrait avoir été érigée à l'emplacement d'un évêché paléochrétien.

Lorsqu'Onufri peint les murs de cette église, il est alors un artiste renommé, exerçant depuis une vingtaine d'années. Il est ici dans sa région, puisqu'il bénéficie du titre d'archiprêtre d'Elbasan. Le dessin en lui-même se révèle plus simple que les autres réalisations qu'on lui connaît. Mais on retrouve sa palette de couleurs vives, notamment son « rouge Onufri » si brillant et jamais égalé, Ferrari en est jaloux !

Depuis cinq siècles, les fresques ont néanmoins souffert de l'humidité constante du massif du Shpat au-dessus du hameau.

En 2013-2014, une équipe de l'Institut des Monuments (Tirana) est intervenue pour effectuer un gros travail de restauration. (larges extraits de notre guide)

 

Extérieur très banal

 

Intérieur : ouahou !!!

 

 

 

 

Résurrection du Christ

 

Pour terminer la journée visite rapide dans un monastère signalé dans le guide mais très moyennement intéressant, Saint Gjon-Vladimir.

 

Il nous a semblé que les icônes étaient des photos

 

Une originalité de l’agriculture albanaise : le maïs, une fois cueilli est mis en gerbe, probablement pour le sécher.

 

Vous remarquez au fond les oliveraies, il y a en plein dans le pays, c’est un peu normal

 

MERCREDI 3 OCTOBRE

Une chose amusante.

Le lundi matin, les élèves ont droit à l’hymne national. Tous réunis dans la cour, la main sur le cœur, ils écoutent le chant diffusé par HP mais ne chantent pas.

Quelques considérations sur la vie quotidienne.

Le coût de la vie.

Il est bien sûr moins élevé qu’en France, mais nous trouvons quand même que l’alimentation est assez onéreuse.

Pour les Albanais qui n’ont pas un revenu très élevé, la vie ne doit pas être facile.

On voit des tas de gens qui vendent de menus objets dans la rue, des petits grilleurs de maïs, des vendeurs de bananes sur le bord du trottoir, des petits vieux avec une balance pour se peser (100 lek !), etc.

Le salaire moyen à Tirana serait de 330 € soit environ 41 000 lek, ce qui ne fait pas bien lourd.

Par exemple un restaurant dans notre quartier revient à environ 3 000 lek ou 24 € pour 2. Ce n’est pas trop cher… pour nous. La clientèle est surtout étrangère. Il faut aussi ajouter que nous sommes quand même dans un quartier « chic » avec 4 voire 5 (avec la Turquie qui en construit une) ou même 6 ambassades si on compte celle de Russie un peu plus lointaine ! Oui, on a parlé de la rue des ambassades mais ça aussi ça se délocalise !

 

 

US Embassy, Tirana.jpg

Ambassade US

Ambassade d’Italie

 

Ambassade d’Italie, résidence du big boss, super protégée, on arrive à distinguer le sommet du palais

 

Le Qatar

 

Ambassade de Hollande, la plus mignonne

Le problème des ordures.

Nous pensons, sans être certains, qu’il n’y a pas d’endroit pour déposer les ordures dans les immeubles. Il faut les transporter jusqu’à des containers qui se trouvent dans la rue. On voit ainsi les gens se trimbaler des sacs poubelles, c’est assez amusant ! On voit aussi les gens fouiller dans les poubelles pour faire de la récup’, il faut dire que pratiquement il n’y a pas de tri même si, sur le papier, ça existe à Tirana et l’on voit dans les parcs par exemple, des poubelles avec tri sélectif.

 

Là, c’est tout propre, ça vient d’être ramassé

Avec un « chiffonnier »

 

La circulation.

Elle est assez infernale surtout aux heures de pointe. Les piétons sont peu respectés, pour traverser il faut parfois s’imposer.

Pire que les voitures, les cyclistes qui foncent sans se préoccuper de quoi que ce soit. S’en méfier comme de la peste !!!

Enfin, quand on est piéton, bien faire attention où l’on met les pieds, les trottoirs ne sont pas de tout repos, des trous imprévisibles peuvent surprendre surtout si on se balade de nuit, une lampe de poche n’est pas un luxe inutile.

 

Traîtrise courante

Nouveau système de vélo en libre-service

 

SAMEDI 6 OCTOBRE

Au programme du jour : une citadelle.

Une de plus, vous allez croire qu’il n’y a que ça en Albanie, que nenni mais dans les environs immédiats de Tirana il y en a plusieurs qui défendaient la vallée entre Durrës et Elbasan … Byzance !!! C’était la via Egnatia des Romains.

Donc, direction Petrelë et sa citadelle (+/- 15 km de Tirana).

L’histoire de l’emplacement remonte au moins à l'empereur Justinien et une de ses tours fut construite au Vème siècle.

Le château est perché sur un rocher qui domine le village charmant.

Il a une forme triangulaire avec deux tours d'observation. Malgré une construction plus ancienne, le bâtiment actuel remonte au XVème siècle.

Durant le combat de Skanderbeg contre les Ottomans, le château de Petrelë fut sous le commandement de Mamica Kastrioti, la sœur de Skanderbeg. Aujourd'hui, on trouve un restaurant à l'intérieur. Le château offre des vues spectaculaires sur la vallée de l'Erzen, les collines, les oliviers, et les montagnes environnantes… ainsi que l’autoroute Tirana – Elbasan en partie en construction.

Les citadelles ou autres lieux historiques sont bien souvent occupés par des restaurants, c’est dommage mais c’est peut-être aussi une façon de préserver ces ouvrages. L’accès est libre… aux heures d’ouverture.

 

 

Tour – restaurant

Ça grimpe et il fait très chaud

 

 

 

 

 

 

 

Boum sur les Ottomans !

 

En ce moment, les jardins et les marchés regorgent de kakis (fruits croquants, jaunes à l’extérieur et bruns à l’intérieur : pas du tout ceux que nous connaissons) et de grenades éclatantes de couleur. Quant aux oliviers, ils sont absolument partout !

 

 

 

 

 

 

Remarquez les meules de foin

 

A propos d’autoroute : il n’est pas rare d’y trouver des véhicules arrêtés, des vélos circulant tranquillement, voire des piétons nonchalants prenant le soleil en regardant passer les voitures.

Ce soir, repas avec une Albanaise francophone et son mari dans le quartier du block ou Blloku.

Pendant la période communiste, il s'agissait d'une zone résidentielle restreinte voire fermée, interdite à la population. C’était la zone de résidence des hauts dignitaires du Parti. Maintenant c’est un quartier chic de Tirana, avec ses boutiques, magasins, restaurants, bars à la mode, cafés, etc.

On peut encore voir l’ancienne maison de Enver Hoxha, Premier Secrétaire du Parti de 1945 à 1985, rue Ismail Qemali, nous passons souvent devant sans penser à faire une photo d’où une photo issue d’internet.

 

http://1.bp.blogspot.com/-9Ueuumke_Yk/ViV0dgPpBpI/AAAAAAAAAlc/xNN3B2Ix5TI/s400/Enver%2BHoxha%2Bhouse.jpg

Modeste maison finalement !!! Maintenant elle accueille des hôtes de marque

 

Donc repas dans un resto’ albanais au nom bien de chez nous : « A la santé ». Plutôt curieux comme nom, cuisine de bonne qualité. Discussion à bâtons rompus sur tout et n’importe quoi. Natalia nous explique par exemple comment à l’époque de la dictature elle et ses camarades étudiants avaient interdiction d’accepter l’invitation d’un étranger ou comment telle ou telle personne s’est retrouvée en prison pendant vingt-cinq ans simplement parce que le fait de parler une langue étrangère la rendait suspecte aux yeux du pouvoir. Elle et son mari ont gardé chez eux ses beaux-parents jusqu’à leur mort l’an dernier : c’est chose courante ici, nous dit-elle. Quant à ses enfants, ils sont tous deux à l’étranger, sa fille à Boston et son fils à Dortmund. De nombreux Albanais ayant fait des études partent à l’étranger. 1,4 millions d’Albanais en dehors du pays, estimation plus ou moins fiable, pour 3 millions d’habitants. Elle nous a aussi raconté qu’à l’époque des « cocos » l’Algérie était présentée comme un pays idyllique alors que la France était un pays infâme !

La soirée a été troublée par un orage, le premier de notre séjour, bref mais intense !

 

DIMANCHE 7 OCTOBRE

Grand événement du jour, le semi-marathon de Tirana. Résultat : les grandes artères dont le Dëshmorët e Kombit Boulevard (bd. des martyrs de la nation), les Champs-Elysées locaux, sont réservées aux coureurs. Même les piétons n’ont pas le droit de traverser alors qu’il n’y a pas le moindre athlète à l’horizon et les organisateurs sont plutôt du genre « bourrin ». Une seule solution, traverser en se faisant enguirlander !

 

 

 

 

 

Le ciel étant très chargé et surtout les prévisions météo que l’on peut consulter très peu fiables, nous passons prudemment le reste de la journée à Tirana et projetons d’aller visiter le Cimetière Des Martyrs De La Nation (Varrezat E Dëshmorëve Kombit), décidément il y a beaucoup de lieux commémorant les martyrs… des Italiens et Allemands, pas des « cocos » bien sûr. Mais… cimetière fermé, curieux pour un dimanche ! On verra un autre jour. On a quand même réussi à voir Nënë Albania.

 

Ça ne vous rappelle rien ? La Rodina Mat à Kiev, en plus petit

La phrase « Lavdi e perjetshme deshmoreve te Atdheut » (« Gloire éternelle aux martyrs de la patrie ») est gravée sur le socle.

 

Nous changeons d’idée et prenons la direction de la grande gare de Tirana, histoire de voir à quoi ça ressemble. Jusqu’à présent nous n’avons vu que des voies ferrées délabrées et hors d’usage : voir une gare et des trains albanais, ça peut vouloir le coup d’œil !

De gare, point, rasée probablement, plus de voie ferrée non plus. On trouve à la place un quartier en pleine rénovation.

Le projet est de faire une ligne droite depuis l’université qui se trouve au bout du grand Dëshmorët e Kombit Boulevard à un bout de la ville, en passant par la place Skanderbeg jusqu’à l’autre côté de la ville en rasant au passage des quartiers insalubres, du Hausmann du XXIème siècle ou presque !

 

Fichier: Tirana, Bulevari Dëshmot i Kombit.jpg

Remarquable photo du Dëshmorët e Kombit Boulevard, superbe respect de la piste cyclable !

La photo n’est pas de nous

 

En rouge, l’existant ; en bleu, le futur

 

Plus que vétuste… mais avec clim !

Rafistolage à la Mondrian, regardez bien le côté gauche de l’immeuble en brique d’époque !!!

 

Tout droit vers la sortie de la ville !

 

De loin, c’est pas mal…

… mais dans le voisinage immédiat… on trouve ça…

… et ça, des serres délabrées qui ont encore l’air de servir, il y a même un gardien pour interdire le passage

 

Sans oublier le « bon » roi Zog Ier, il n’y en a eu qu’un.

Il est quand même honoré malgré son passé peu reluisant !

 

Toujours à propos des poubelles, voici ce que ça donne quand c’est plein. Je vous laisse imaginer l’effet du vent quand ça souffle fort…

 

… sans parler des odeurs

 

MERCREDI 10 OCTOBRE

Quelques considérations sur l’école, notre travail et nos élèves.

La rentrée est faite depuis déjà 2 semaines et ça fonctionne cahin-caha !

Nous n’avons pas de listes d’élèves et en sciences en français, ça vient quand ça peut ou quand ça veut. Il faut dire qu’ils ont cours de français en même temps qu’un autre cours, EPS, dessin voire des matières encore plus importantes. Les élèves sont donc devant un choix « cornélien ».

Cela dit, dans l’ensemble, ils sont gentils, sauf une classe faites de 6 pestes (des filles !) dont tout le monde se plaint. Il y en a même qui viennent faire un bisou ou un câlin à la fin de la séance. C’est chose commune avec certains profs semble-t-il. Ils sont de toute façon très maternés.

Nous remarquons que les profs albanais sont présents toute la journée. Ils sont dans les bus qui amènent et ramènent les élèves, ils surveillent les récréations et la cantine… en fait, les cours consistent à lire le livre. Les élèves ne notent presque rien, ils griffonnent deux trois ‘tits trucs sur le livre et c’est tout. Quand ils sont avec nous, ça doit les changer ! Il n’y a d’ailleurs qu’avec nous qu’ils ont un cahier sur lequel ils écrivent un peu. Leurs cahiers concernent uniquement leurs devoirs. Pour certains, ce qui est écrit est illisible.

Chaque classe a sa salle de travail ce qui pose un peu problème pour les élèves qui ont pour habitude de rester toujours dans la même salle de cours et de voir défiler les profs. Il faut parfois aller les chercher dans leur salle. Maternés, vous dis-je !

 

Salle dite de physique où officie FX

Pas d’eau ni de gaz, ni d’électricité, UN microscope

Ordi + écran + vidéoprojecteur

Salle d’informatique vue en mai

Est-elle encore opérationnelle ?

Non disent les élèves

 

Il a fallu se battre pour obtenir ordinateur, écran, tableau, craie, éponge mais nous y sommes arrivés.

Pour les photocopies, c’est faisable mais uniquement au secrétariat, ça prend éventuellement du temps.

L’ambiance est relativement bonne mais, barrière de langage, les contacts sont peu nombreux sauf avec une prof’ de français… qui est partie mais que nous espérons revoir en dehors du travail.

 

SAMEDI 13 ET DIMANCHE 14 OCTOBRE

Nous avons passé le WE à Berat.

100 km de Tirana mais bien 2 h de route. Le réseau, au moins les grands axes, est convenable, mais il ne faut pas envisager de « foncer ». On n’est jamais à l’abri d’une charrette lente, de véhicules faisant des manœuvres illicites… sous les yeux de la maréchaussée qui ne bronche pas toujours. On trouve sur « l’autoroute » reliant Tirana à Elbasan des vendeurs de fruits et des chalands arrêtés tranquillement pour faire leurs emplettes !

Episode cocasse hier matin : en voulant gagner du temps et prendre un raccourci, nous nous sommes retrouvés par mégarde en plein milieu d’un marché rural. Tous les produits à vendre étaient posés à même le sol. Difficile de voir les poules, on a bien failli en écraser. Heureusement tout s’est passé dans la bonne humeur, les locaux rigolaient bien, nous beaucoup moins !

Nous avons fini quand même par arriver à bon port.

Pourquoi Bérat ? Parce que le centre historique de Berat, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2008, est absolument incontournable pour qui visite l'Albanie.

Elle est surnommée « la ville aux mille fenêtres » à causes des façades de ses maisons ottomanes collées les unes aux autres.

 

La rivière Osum, qui coupe la ville en 2, Mangalem et la grande citadelle (encore !!!) au-dessus

 

Tour à tour byzantine, serbe et ottomane (1417), elle faillit tomber entre les mains du fils du roi de France au XIIIe s. Fortement influencée par les cultures hellénique, slave et musulmane, elle possède aujourd'hui l'un des plus riches patrimoines culturels du pays : vieux quartiers préservés de Gorica et Mangalem, fantastique citadelle encore habitée, églises byzantines décorées par les meilleurs artistes albanais du Moyen Âge… mais fermées sauf à prendre un guide qui demande un prix exorbitant (40 €) pour visiter la ville sans que l’on soit bien sûr de pouvoir entrer dans ces édifices fermés, plus anciennes mosquées d'Albanie, sublimes icônes orthodoxes du musée Onufri, visible lui,  et beaux hôtels respectueux de l'architecture traditionnelle.

 

La citadelle : surmontant la colline de Mangalem, c’est un des endroits les plus visités du pays.

Ses murailles à moitié détruites et ses 24 tours décapitées lui donnent un aspect menaçant : ce sont les traces des sièges passés et peut-être bien des bombardements allemands. Une fois franchie la grande porte voûtée de l'entrée nord, on découvre un monde nettement moins hostile : un petit village de 10 ha hors du temps, paisible quand les touristes sont attablés au resto’ ! Un enchevêtrement de ruelles aux pavés glissants, des églises byzantines très sobres d'apparence mais qui abritent des fresques d'une valeur inestimable, dixit les guides, mais pas accessibles pour le « toutou » moyen, une vue époustouflante sur la vallée de l'Osum, un minaret… que l’on a pris pour une cheminée d’usine (!!!), des grand-mères vendant tricots et dentelles, le précieux musée Onufri.

 

Plein soleil !!! Fait bien chaud…

… et ça grimpe depuis le bas de la vieille ville

 

Pour mûrir ou pour caler les tuiles ?

 

Petit resto’ avant d’attaquer les visites

Petites ruelles tranquilles… qui attendent le touriste pour lui vendre quelques babioles

 

  Et voici le Musée national des Icônes Onufri un des plus beaux sites du pays pour découvrir l'art religieux (chrétien orthodoxe) albanais

L'intérêt est ici que les œuvres sont présentées quasiment in situ : la plupart proviennent des églises de la citadelle de Berat. Le musée lui-même est aménagé dans l'église de la Dormition-de-la-Vierge-Theotokos   (« Mère de Dieu » en grec). Simple église byzantine datant du XIIIème siècle, l'édifice a été profondément remanié pour devenir cathédrale. Il a été désacralisé durant la période communiste, puis transformé en musée dans les dernières années de la dictature. On y trouve des icônes réalisées par les peintres de l'école de Berat, mouvement fondé au XVIème par le plus grand peintre religieux albanais, Onufri.

 

Extérieur

 

Dormition de la Vierge

L’iconostase : cette paroi en bois finement sculptée (éléments végétaux, dragons, etc.) et dorée à la feuille d'or est un des chefs-d’œuvre des artisans albanais du XIXème siècle. Elle a été réalisée en 1806 par deux maîtres sculpteurs connus par leurs prénoms, Andoni et Stefani.

 

 

 

 

 

Dormition de la Vierge encore

 

Shën Nikolla

 

La chaire, faut pas avoir le vertige !

Le siège du Despote (épithète appliquée à Dieu, au patriarche et ici à l’évêque)

 

Au hasard de notre pérégrination dans la citadelle.

 

Un monastère récent… déjà en ruine

Vue sur la ville moderne et la rivière qui la traverse

 

Mignone église : Église de la Trinité (Shën Triadha)

Église Saint-Nicolas (Shën Kollit)

(Variation autour de l’écriture de Nikkola !)

 

Église de la Vierge-des-Blachernes (Shën Mëri Vllahernës)

 

Empereur Constantin… et un chien entêté qui nous a longtemps suivis

Sheshi (= place) Sallabanda

 

En redescendant de la citadelle, visite du musée ethnographique, il y en a un dans chaque ville touristique !

Il a ouvert ses portes en 1979 et contient une diversité d’objets usuels propres à l’histoire de Berat.

On y trouve tout ce qui était le quotidien d’une famille du XIXème siècle.

 

Difficile d’éviter les fils électriques !

 

A noter la cheminée, doit quand même faire froid en hiver

 

Cuisine

 

Salon

 

Notre hôtel a ouvert tout récemment, nous avons peut-être essuyé les plâtres. Confort et chambre corrects mais service moyen, calcul étonnant du prix de la chambre (plantage dans la conversion € / lek, je veux bien… !!!) mais surtout restauration lamentable.

 

 

Et pour finir la ville basse ou ville moderne.

 

 

 

 

 

Reste de la maison du gouverneur (+/- XIXème siècle), piliers en pur béton synthétiques !

Rue piétonne

 

 

Université construite récemment, très kitch !

 

Reste de communisme

 

Mosquée des Célibataires, restauration avec fonds turcs

 

Cathédrale orthodoxe

 

 

 

Eglise saint Thomas, petite église ouverte !!!

 

 SAMEDI 20 OCTOBRE

Hier, en faisant des courses nous sommes tombés sur le tunnel des amoureux, pas de cadenas mais des graffitis plus ou moins jolis.

 

 

Ce matin, nous décidons, pour nous occuper pendant que la femme de ménage nettoie notre appart’ (eh oui, l’école nous offre cette prestation, deux heures de ménage tous les samedis !), d’aller visiter le Cimetière Des Martyrs De La Nation (Varrezat E Dëshmorëve Kombit). Décidément il y a beaucoup de lieux commémorant les martyrs… Sur le haut de la colline, un espace est réservé à 900 membres du parti communiste tombés pendant la seconde guerre mondiale, chaque dalle en béton étant ornée d'un laurier et d'une étoile rouge.

Il y a bien sûr la statue de Mère Albanie (Monumenti Nëna Shqipëri) déjà vue (voir notre « billet » du dimanche 7 octobre) et dominant le site.

 

Nënë Shqipëri de face et de profil, vous êtes gâtés !

 

Cette grande sculpture en béton de 12 m de hauteur a été réalisée par Kristaq Rama (1932-1998), père d'Edi Rama, élu Premier ministre en 2012. Inaugurée en 1971, elle se veut une allégorie de la Nation. « Mère Albanie » tend de la main droite, levée, une branche de laurier surmontée d'une étoile communiste et, de l'autre, fait un geste d'apaisement, pas franchement évident ! A gauche de la statue a été récemment installé un monument aux Victimes de la terreur communiste (Viktimat e terrorit komunist). Il rend hommage à 22 monarchistes tués en 1951 après une tentative d'attentat contre l'ambassade d'URSS (on se demande pourquoi s’attaquer à l’URSS et pas au gouvernement albanais). À droite, se trouve la tombe de marbre blanc de Qemal Stafa, cofondateur du parti communiste albanais en novembre 1941. Il fut tué à Tirana par les Italiens en mai 1942 à l'âge de 22 ans, sans doute dénoncé par son camarade Enver Hoxha qui voyait en lui un rival.

 

Les 900 héros

Les 22 monarchistes victimes du communisme

 

Azem Hajdari

 

A droite également la tombe de Azem Hajdari, leader du mouvement étudiant qui a contribué à la chute du communisme, assassiné en 1998.

Le guide indique qu’il y a aussi la tombe d'Enver Hoxha (Varri i Enver Hoxhës), mais nous n’avons rien vu, le gardien-jardinier que nous avons interrogé nous a répondu « shor », ce qui veut dire en albanais très pur… En réalité la tombe est au cimetière de Sharra où son corps a été déplacé sans grandeur en 1992 (Guide Petit Futé, il faudrait te mettre à jour !).

Il est à noter qu’une grande partie du cimetière est en fait un parc fort agréable, seul le sommet est occupé par des tombes.

 

Depuis le cimetière, Tirana dans la brume matinale

 

Nous quittons ensuite ce paisible cimetière pour nous rendre chez Natali, notre sympathique amie albanaise. Natali ne nous a pas donné d’adresse, il faut reconnaître que rares sont les entrées d’immeubles disposant d’un numéro : nous-mêmes, nous habitons rue Elbasanit à proximité de l’ambassade américaine, mais nous n’avons aucune adresse vraiment précise. Nous avons donc simplement rendez-vous devant la Medrese, c’est-à-dire la médersa ou la madrasa, autrement dit l’école coranique, vaste bâtiment précédé de la statue d’un vénérable derviche.

 

 

Natali vient nous y chercher et nous emmène dans son spacieux appartement du septième étage où nous accueille également son mari Shcultim (orthographe phonétique !). Nous sommes reçus comme des rois et nous dégustons un déjeuner typiquement albanais : salade verte, poivrons et aubergines grillés, chou-fleur à la vapeur, tomates en salade, olives, pommes de terre braisées, feta, fromage blanc aux herbes, qoftë (=boulettes de viande), bureks maison, mouton au four servi avec riz, pain grillé … il y a tellement de plats sur la table que j’en oublie certainement ! Nous concluons le festin avec des petits pots à la crème et à la confiture de fraise.

 

 

 Le tout arrosé d’un riesling local ma foi fort parfumé. Les enfants de nos hôtes ont bien réussi, mais comme beaucoup d’Albanais doivent poursuivre leur carrière à l’étranger, leur fille à Boston et leur fils à Dortmund : il y a moins d’Albanais en Albanie que dans le reste du monde ! Ils gardent un souvenir terrible de la dictature communiste : le frère de Shcultim a pris dix ans de prison pour avoir manifesté un léger désaccord avec le régime, et à peine sorti il en a eu encore pour dix ans pour avoir murmuré que l’on manquait de sucre !

Sur le chemin du retour, voici ce que nous voyons au niveau du parlement.

 

 

Panneau du bas : SHOQATA ANTIKOMUNISTE E TË PËRNDJEKURVE POLITIKE TË SHQIPËRISË

Que l’on va librement traduire par « Association anticommuniste des persécutés politiques d’Albanie »

 

Ce doit être une institution destinée à établir toute la vérité sur la dictature et à réhabiliter les personnes lésées par ce régime. Mais sous toute réserve…

 

DIMANCHE 20 SEPTEMBRE

Il nous a semblé comprendre, tant en visitant Elbasan qu’en écoutant les propos de Natali, qu’il y a ici deux églises orthodoxes, la grecque et l’albanaise : nous nous proposons de comparer deux exemplaires que l’on peut en trouver à Tirana.

Comme très souvent, nous empruntons le boulevard des martyrs de la Nation (bulevardi dëshmorët e kombit) surnommé les Champs Elysées de Tirana, reliant sur 1400 mètres la place Nënë Tereza où se trouve l’Université Polytechnique à la place Skanderbeg.

 

Au fond l’université qui évoque une version simplifiée de l’EUR, cité futuriste de Mussolini à Rome

Au fond, difficile à voir Skanderbeg

 

L’avenue et le bâtiment servant de faculté ont été construits pendant l’occupation italienne.

C’est la plus grande avenue… et il n’y a presque pas de circulation !!!

 

En route nous rencontrons également les trois frères Frashëri (Naïm, Sami et Abdyl) défendeurs des droits de la nationalité albanaise avec la ligue de Prizren et promoteurs de la langue albanaise à la fin du XIXème siècle. Ils sont plus présentables dans ce quartier, car leurs sculptures dans le parc du lac artificiel font penser à des têtes coupées posées sur un plateau, c’est un spectacle assez morbide.

 

 

Nous apercevons des bouquinistes et leurs chalands devant la Maison des Feuilles, il y en a énormément dans tout Tirana mais peu de librairies.

 

  

Retour à la cathédrale orthodoxe de la Résurrection du Christ (katedralja ortodokse ringjallja Krishtit) que nous avions déjà visitée en mai. Même si elle a été inaugurée en 2012, la peinture des fresques intérieures n’est pas terminée, d’où la présence d’échafaudages. Tout y respire la richesse, il s’agit d’une église grecque.

 

 

 

 

 

 

 

En revanche, l’église orthodoxe Ungillëzimi est beaucoup plus modeste, c’est une église albanaise, même si un sympathique bedeau nous explique que les orthodoxes forment une seule et même église. C’est à cette occasion qu’une photo nous permet de constater dans quel état se trouvait l’église saint Thomas de Berat en 1992, une église que nous avons vue il y a peu entièrement refaite à neuf dans le quartier de Gorica.

 

1992

Actuellement

Chute du communisme vers 1990 -91 (1ère élection libre)

 

 

La sortie se termine par un arrêt chez D’Angelo, maison recommandée par nos élèves, où l’on peut déguster de savants mélanges de crêpes, gaufres, glaces et chocolat. Une bonne expérience, je dois dire.

 

Au premier plan : +/- banana split sans glace, derrière crêpes et glace

SAMEDI 27 ET DIMANCHE 28 OCTOBRE

L’automne approche, les jours sont plus courts, il ne faut pas rouler de nuit… Donc pour visiter Korçë (ou Korça), nous partons vite le vendredi après-midi pour avoir bien 2 jours pour visiter la ville et ses environs.

En voiture la distance est de 160 km, mais il faut au moins 3 h pour faire le trajet. La route est bonne mais c’est passablement montagneux avec beaucoup de camions et peu de possibilité de dépassement. Bref, il faut prendre son temps.

Sur le trajet une basilique byzantine paléochrétienne du VIème siècle à Lin, nous tentons de traverser le village, mais la rue a une seule voie. Catastrophe, un véhicule en face et au volant un bourrin ! Comme les bourrins, refus de bouger ! une solution, marche arrière jusqu’à une cour de ferme qui veut bien nous laisser manœuvrer ! pas pour dire mais on mouille sa chemise ! on verra au retour. Moralité, laisser les voitures à l’entrée des villages quand on voit que ça risque de coincer et aller à pied, en plus on fait de belles découvertes et on croise des gens sympas.

Arrivée à Korça en fin d’aprem’, premier contact avec la ville.

Pourquoi Korça ? On nous l’a chaudement recommandée et l’on dit que c’est la plus française du pays. Il faut dire que de 1916 à 1920 les Français ont fait de Korça une république autonome et y ont laissé plus durablement un lycée français où a étudié puis enseigné … Enver Hoxha, le dictateur ! Ainsi, celle que l'on surnomme le « Petit Paris » a su préserver son centre-ville du début du XXe s. et ménager une place de choix aux piétons, notamment dans le cadre de la rénovation entreprise depuis 2014… en grande partie grâce à des financements de l’UE (musée, rues, bazar, Tour Rouge, etc.)

Nous tombons de suite sur de nombreux aménagements piétons et sur la nouvelle Cathédrale orthodoxe de Korçë, dite de la Résurrection du Christ, construite dès 1995 c’est-à-dire très peu de temps après la chute du communisme. Elle remplace l’ancienne cathédrale détruite en 1968.

 

 

 

 

La nouvelle

L’ancienne

 

 

 

 

 

Curieux st Georges

 

Dans les environs de la cathédrale, première école en Albanie, maintenant musée de l’Education.

 

La nuit, belle bâtisse

 

Pour un appart’, stockage du bois sur le balcon !

 

Samedi matin, visite de deux musées.

Pour commencer le Musée National d'Art Médiéval (Muzeu Kombëtar I Artit Mesjetar).

C'est le plus beau et le plus moderne musée du pays, presque sans équivalent dans les Balkans. Créé durant la période communiste (1987), il regroupe l'une des plus importantes collections d'art religieux au monde   (8 000 pièces dont moins d'un millier sont exposées), principalement des icônes du XIVe au XIXe s. En pleine période athéiste, furent en effet retirés des églises orthodoxes l'essentiel des chefs-d’œuvre des peintres albanais pour être stockés à Korça. Depuis 2016, le musée est installé dans un superbe et nouveau bâtiment conçu par l'architecte allemande Julia Bolles-Wilson, à qui l'on doit d'autres réalisations récentes à travers la ville. La présentation merveilleusement conçue est le fruit d'une collaboration entre les ministères de la Culture albanais, grec et allemand, payée par l’UE.

Le RdC est impressionnant : 3 murs couleur or entièrement couverts de centaines d'icônes de toutes tailles sur 8 m de hauteur. Un promontoire légèrement surélevé est aménagé avec la légende de chaque œuvre. On découvre ainsi que la plupart des icônes sont signées des plus grands peintres albanais : Konstantin Shpataraku (XVIIIe s.), les frères Çetiri (XIXe s.) ou encore Mihal Anagnosti (XIXe s.) et bien sûr 3 chefs-d’œuvre du grand Onufri (XVIe s.).

 

Extérieur un peu austère

Plein les yeux !

 

 

 

Au 1er encore des icônes et une superbe iconostase en bois sculpté (1819) provenant de l'église St-Nicolas de Rehova, près d'Ereska. Démontée durant la période athéiste, elle a été remontée plus ou moins bien.

On a quelques surprises avec saint Christophe Kynokephalos (« à tête de chien »), œuvre anonyme de l'église d'Ogren (région de Përmet) peinte vers 1812. Si le patron des voyageurs est toujours représenté portant l'Enfant Jésus en Occident, il apparaît en version cynocéphale dans certaines œuvres du christianisme oriental : il s'agit soit d'une évocation des origines du saint appartenant à la tribu des Kynoprosopoi (« Visages-de-Chiens »), soit d'une réminiscence du culte d'Anubis, divinité égyptienne à tête de chien jouant comme Christophe le rôle de passeur.

 

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Saint Christophe Kynokephalos

La bataille du pont Milvius qui vit s'affronter les deux empereurs romains Constantin et Maxence aux environs de Rome, le 28 octobre 312, et à la suite de laquelle Constantin, vainqueur, se convertit au nouveau monothéisme

 

Il y aurait encore plein de chose à dire mais arrêtons là notre cours magistral… tiré du guide !

Ensuite petit Musée d’Art Oriental Bratko (en albanais : Muzeu i Artit Oriental «Bratko» ) : c’est un musée national albanais consacré à l'art asiatique. Le musée a été créé et ouvert en juin 2003, réalisant ainsi le rêve de George Dimitri Boria, un photographe albano-américain, qui lui a fait don de sa propre collection d’art asiatique.

C’est un peu du bric-à-brac accumulé par un homme qui a longtemps vécu en Océanie car il fut pendant 14 ans photographe pour le général Douglas MacArthur.

 

Du Japon à Korça !

 

 

 

George Dimitri Boria était aussi dessinateur de cartoons

 

Fin de matinée, direction Voskopojë, ou Moscopole, à une vingtaine de km de Korça. Une erreur d’orientation due au GPS nous permet de tester le réseau routier secondaire ! Conclusion : rester sur les grands axes est impératif, le peu que nous avons vu est en très mauvais état.

Le village est situé à 1 200 m d'altitude dans un vallon entouré de sapins. À partir du Xe s., ce fut un carrefour commercial et culturel important entre Constantinople, Vienne, Leipzig, Trieste et Venise. Au milieu du XVIIIe s., ce fut une véritable ville qui compta jusqu'à 40 000 habitants, principalement grecs et aroumains, vivant du commerce et de l'artisanat, notamment avec la production de laine et de tapis. L'essor économique et les liens avec l'extérieur ont contribué à l'éclosion d'une vie culturelle intense et à faire de Moscopole le principal pôle intellectuel de la région avec Ohrid (Rép. de Macédoine). À son apogée, la ville comptait vingt-quatre édifices religieux, un hôpital, une académie (entre lycée et université) où était enseignée la littérature française et une imprimerie, la première créée dans l'Empire ottoman. Puis arrivèrent différents malheurs que nous n’allons pas détailler… La ville a fortement décliné et il ne reste plus que 7 églises encore visitables bien que très dégradées (nous en avons visité 4).

Les églises qui ont survécu portent les noms des archanges Michel et Gabriel, de Saint-Athanase, de Saint-Nicolas, du prophète Élie et de la Dormition de Notre-Dame… Quatre des cinq églises orthodoxes restantes sont des basiliques en forme de dôme conçues dans le style post-byzantin typique des Balkans. Le plafond et les murs des cinq bâtiments sont recouverts de fresques représentant des scènes religieuses et bibliques aux couleurs vives

Eglise Saint Nicolas toujours visitable (ou presque) car c’est l’église du village encore en fonction. Mais pas de photo d’intérieur, pope oblige !

 

 

 

Photo de l’intérieur prise en 2009

 

 

 

 

Les autres églises sont fermées mais il suffit d’appeler un n° de téléphone et un guide (gratuit) vous ouvre les différents édifices visitables. C’est un système valable pour d’autres sites. Ça doit être dû au nombre peu important de touristes, on ne va pas maintenir sur les sites un gardien toute la journée.

Eglise de la Dormition de Notre-Dame.

 

 

 

 

 

Eglise Saint-Athanase (Kisha E Shën Thanasit)

Voici la « Sixtine des Balkans » ! Mais c’est un peu exagéré. Cette église orthodoxe érigée en 1721 possède toutefois un remarquable ensemble de fresques réalisées par le plus grand peintre albanais du XVIIIème siècle, Konstantin Zografi. Les murs, les plafond et l'exonarthex (galerie extérieure) sont entièrement recouverts des œuvres de l'artiste et de son frère Athanas. Elles sont dans l'ensemble bien préservées. En revanche, les précieuses icônes qui s'y trouvaient ont toutes été volées entre 1990 et 2010.

 

 

 

 

Eglise des archanges Michel et Gabriel

 

Narthex pour les non baptisés

 

 

 

 

Heureusement que l’on a étayé

Monastère Saint-Jean-Baptiste (Manastiri I Shën Prodhromit)

Situé à 1 320 m d'altitude, dans un très bel environnement, aux abords d'une forêt de pins, ce monastère orthodoxe est dédié au « Précurseur » (Prodhromit), c'est-à-dire saint Jean-Baptiste. C'est le plus ancien édifice de Moscopole et l'un des 5 lieux de culte du village ayant survécu au grand incendie de 1916. Il a été fondé au XIVe s. par des moines du monastère du village voisin de Boboshtica. Au XIXe s. ce fut un des plus puissants complexes monastiques de l'archevêché d'Ohrid. Il se compose d'un catholicon (église principale), de bâtiments résidentiels, d'une fontaine (en contre-bas) et d'une porte d'entrée du XIVe s. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les bâtiments du monastère ont été lourdement endommagés. Mais des travaux sont en cours pour accueillir une nouvelle communauté religieuse.

Cela dit le garde étant un vrai cerbère, point de photo d’intérieur.

 

 

 

Retour à Korça en fin d’aprèm’ pour visiter le Quartier Du Vieux Bazar (Pazari I Vjetër)

Le quartier fut le centre de la ville durant toute l'ère ottomane. Attirant les négociants de Trieste, Venise ou Vienne, il compta jusqu'à un millier de commerces, occupant alors une surface trois fois plus importante qu'aujourd'hui.

Ce bazar déclina au XXème siècle entre autres à cause de la collectivisation imposée par le régime communiste à partir de 1944. Les artisans et petits commerçants disparurent et le quartier tomba en déshérence.

En 2014, la municipalité entreprit de tout rénover pour attirer les touristes. Le marché fut déplacé et certains habitants roms chassés, tandis que les travaux commençaient : ruelles entièrement repavées, façades restaurées, assainissement... On lança aussi une grande opération pour attirer de nouveaux commerçants et artisans. Malgré un budget relativement modeste (1,5 million d'euros, essentiellement des aides internationales), le projet est plutôt réussi. Si les visiteurs albanais et étrangers adorent l'endroit, le quartier manque encore de vie : peu de gens y résident et la plupart des espaces commerciaux demeurent vides.

C’est un peu aseptisé et plutôt artificiel.

 

 

 

 

 

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/74/March%C3%A9_de_Kor%C3%A7%C3%AB.jpg/1280px-March%C3%A9_de_Kor%C3%A7%C3%AB.jpg

Photo montrant le bazar avant rénovation, c’était plus vivant !

 

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ea/Kor%C3%A7aMarktplatz.JPG/1920px-Kor%C3%A7aMarktplatz.JPG

 

Pour finir, en vrac, quelques autres photos de Korça

 

Théâtre

 

La Tour Rouge… offerte par l’UE

Notre hôtel

 

 

 

 

1ère école albanaise fondée en 1887 avec autorisation des Ottomans vue de jour

C’est là qu’a pris naissance l’alphabet albanais nouveau, calqué sur l’alphabet latin en 1908

 

 Sur le retour, nous faisons une nouvelle tentative pour visiter la basilique de Lin… mais en y allant à pied.

On n’a pas vu les mosaïques car le site était fermé, mais cela a permis une jolie balade dans et au-dessus du village.

 

Bord du lac d’Ohrid

 

Village de Lin

Basilique paléochrétienne

Le bord opposé du lac = Macédoine

 

Le village depuis la route qui domine

PREMIER NOVEMBRE

Le 1er novembre n’est pas férié en Albanie, snif !

Idem d’ailleurs pour le 11 novembre, resnif !

Cela dit, la météo respecte bien la tradition. « Ciel bas et lourd… » comme dirait un brave gars du nom de Baudelaire. Simplement il ne fait pas froid, les T-sheet sont encore de mise.

Hier, c’était Halloween. La fête semble bien implantée en Albanie.

Bars, hôtels, boîtes proposent des soirées dansantes par exemple. Déguisements et objets pour l’occasion sont bien présents dans les magasins.

Hier à l’école c’était aussi la fête. Les grands ont été emmenés dans un bar pour célébrer le 31.

 

 

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes qui dansent, personnes debout et intérieur

 

Les petits se sont déguisés et ont fait des danses et autres spectacles dans la cour de l’école.

 

 

 

 

Maintenant quelques observations culinaires

Pour connaître un pays, il faut bien sûr l’appréhender aussi par le goût. C’est ainsi que depuis notre arrivée en Albanie, nous avons appris à apprécier les bureks, vendus dans les boulangeries et dans les burektores, petites échoppes qui pullulent littéralement dans le pays : rien que dans le petit morceau de la rue de notre école (500 mètres environ), il y en a trois. Le burek est une spécialité salée en pâte feuilletée fourrée d’épinards et de féta ou de féta seule, on en trouve aussi à la viande ou à la tomate mais cela semble plus rare. Il a la forme d’un triangle, se mange chaud et croustillant et est probablement assez calorique (le papier dans lequel on vous l’emballe est rapidement gras). C’est délicieux et bon marché, entre 35 et 90 leks ; nous achetons souvent les nôtres chez Ellinikon pour 80 leks pièce. Cela nous évite la corvée de cuisine.

 

 

 

Autre spécialité ultra répandue, ce que j’appelle la féta, le fromage, je dis bien le, car il est le seul, mais se déploie en une infinité de variantes. Il faut dire que nous avons rencontré force troupeaux de moutons lors de nos sorties.  Les crèmeries ne vendent que ce fromage sous forme d’énormes parallélépipèdes à section carrée de 15 centimètres de côté sur 30 centimètres de long, leurs étals présentent une bonne cinquantaine de ces parallélépipèdes blancs baignant dans des bacs remplis de petit-lait qui affichent des prix allant de 600 à 1200 leks le kilo. Nous nous en régalons sans nous priver.

 

Montagne de fromage…

… qui se retrouve dans notre assiette

 

A cette saison, il y a aussi les kakis dont nous avons déjà parlé et qui sont vendus absolument partout, aussi bien en ville qu’au bord des routes et même des autoroutes. Là encore, le prix est imbattable : 150 leks le kilo.

N’oublions pas le thé des montagnes, alias la sidérite (en albanais « çaj mali ») vendue dans les marchés paysans dont nous faisons des décoctions parfumées et qui, paraît-il, doit renforcer notre système immunitaire.

 

Thé des montagnes à la main !

 

VENDREDI 2 NOVEMBRE

Quand l'artiste Edi Rama a été élu maire de la capitale de l'Albanie en 2000, il a décidé de changer complètement le paysage de la ville, en ayant recours à la couleur, faute de capitaux pour une rénovation plus élaborée. Depuis 2013 il est 1er ministre.

Des formes géométriques, des pois et des arbres géants sont apparus sur les vieilles barres d'immeubles. Et même si l'intérieur de ces blocs de béton n'a pas vraiment changé, Tirana s'est débarrassée du triste panorama que lui avait légué le leader staliniste Enver Hoxha.

 

Neuf années plus tard, Tirana était encore une ville colorée et vivante. Nous avions vu ces immeubles violemment peints lors de notre tour de l’Albanie en 2009.

Donc petite balade dans la ville pour essayer de trouver ces immeubles.

 

Photos de 2009

Neuf ans ont passé… et les couleurs aussi. Qualité des matériaux et Soleil ont dû avoir raison de cette bonne intention de transformer ces immeubles passablement délabrés. Il faudrait aussi pouvoir voir les intérieurs mais c’est une autre histoire…

 

 

 

 

 

 

 

Cela dit, il est aussi possible que certains de ces immeubles « rafistolés » aient disparu au profit de nouvelles constructions, la ville a bien changé.

Un gros point noir : la Lana, rivière qui traverse la ville, n’est pas loin d’être un égout à ciel ouvert et franchement, ça ne sent pas l’eau de rose !

 

 

SAMEDI 3 NOVEMBRE

En novembre 2016, le « Bunk'Art 2 » a été inauguré : ici, la collection raconte les secrets sombres du « Sigurimi », la police du parti utilisée par Hoxha pour persécuter les rebelles et les opposants politiques.

Il est installé dans l'ancien abri anti-aérien du ministère de l'Intérieur construit entre 1981 et 1986. L'entrée est matérialisée par un bunker factice en béton.

A travers deux grands couloirs desservant 19 salles est décrite la montée en puissance de l'État policier au service du dictateur Hoxha. L'exposition remonte à la création de la gendarmerie albanaise lors de l'indépendance du pays en 1912 et se poursuit avec le détail des différentes techniques d'écoute, d'investigation, de répression et de torture employées par le redoutable Sigurimi jusqu'en 1990.

 

 

Entrée « fictive » car construite récemment

 

Pour montrer l’épaisseur des murs

Long couloir

 

Liste des prisonniers

 

Micro dans un balai, faut y penser !!!

 

Titre explicite !

Chambre souterraine du ministre de l’intérieur

Pépé Colomb n’aurait pas apprécié

 

Secrétariat du ministre de l’intérieur

Un des premiers ordis utilisés en Albanie : un Comodore PET… pour les connaisseurs

Caméra et micro pour espionner la chambre d’un diplomate

Chambre des gardiens...

 

… et celle d’un prisonnier

Entrée du musée entre deux bâtiments officiels

 

En mai de cette année nous avons visité le Bunk'Art 1, bunker antiatomique d'Enver Hoxha et refuge pour l'élite politique.

Que Tirana soit une ville qui conserve encore les traces de la dictature communiste est évident. Et le Bunk'Art1 est clairement l'une d'entre elles.

Situé dans la banlieue nord-est de la capitale albanaise, près du cimetière de Tufina, cet ancien bunker antiatomique a récemment été transformé en un intéressant musée d'histoire et d'art contemporain. C’est l’un des nombreux projets lancés par le gouvernement pour réhabiliter certains des anciens bâtiments de la dictature de Hoxha. Le Bunk'Art1, un bâtiment qui vous permettra de vous plonger parfaitement dans l'atmosphère d'un régime qui domina ce pays pendant près de quarante ans.

Au-delà de l'intérêt historique et politique du lieu, arriver seulement à l'intérieur du Bunk'Art s'avère être une expérience unique et fascinante. Pour atteindre les salles intérieures de cet immense bâtiment souterrain (2680 mètres carrés, pour être exact), vous devrez emprunter un long tunnel semi-sombre entièrement creusé dans la colline, récemment ouvert juste à côté d'une base militaire albanaise toujours active.

 

 

 

Long tunnel pour accéder au bunker

 

Construit dans les années soixante-dix à la demande du dictateur et de son Premier ministre Mehmet Shehu, ce bunker gigantesque, nom de code « Facilité 0074 », était destiné à être un refuge pour l'élite politique albanaise en cas d'attaque nucléaire (!). Il semble en fait que Hoxha lui-même était obsédé par la possibilité d'une invasion étrangère, à tel point qu'il a ordonné la construction d'environ 700 000 bunkers dans tout le pays (mais seuls +/- 173 000 ont été construits, ce qui n’est déjà pas mal) : il s'agit de petites constructions en béton, avec la forme typique d'un œuf, destinées à n'accueillir qu'une seule personne à l'intérieur et dont des traces sont encore, plutôt moins que plus, conservées dans les villes et dans la campagne albanaise.

 

Bunker en pleine campagne : on en voit beaucoup moins qu’en 2009

 

Ce bunker était conçu comme un véritable refuge pouvant accueillir Hoxha et ses plus fidèles collaborateurs. Le résultat est un bâtiment souterrain de cinq étages, avec 106 salles, dont seulement 24 ont été converties en salles d’exposition.

Tout est parfaitement conservé car l'installation est restée secrète pendant de nombreuses années et n’a été ouverte que récemment. C’est précisément cette caractéristique qui en fait un lieu absolument historique à visiter.

 

Entrée

Prisonnier

 

Salon et chambre du dictateur

 

Salle de spectacle souterraine

 

Salon d’époque

Epicerie d’époque

 

Long couloir

Bonnes protections à l’entrée

 

A cela il faut ajouter, dans la même veine, la Maison Des Feuilles (Shtëpia E Gjetheve) que nous sommes allés voir aussi en mai.

Appelé House of Leaves en anglais, ce musée créé en 2017 est consacré aux services de renseignement pendant la période communiste. Il est installé au pied de la tour Evergreen, le plus grand building de la capitale (85 m de hauteur), dans une discrète bâtisse des années 1930. Entourée d'arbres au feuillage couvrant sa façade, celle-ci est depuis longtemps surnommée la « Maison des Feuilles » par les habitants de Tirana. Derrière ce nom poétique et ces beaux murs en brique rouge se cache une histoire beaucoup moins reluisante.

Durant la période communiste (1944-1991), c'est ici que la terrible Direction de la sûreté de l'État (Drejtoria e Sigurimit Shtetit), communément appelée Sigurimi, organisait l'espionnage des citoyens albanais et des rares ressortissants étrangers. À la manière de la Stasi en Allemagne de l'Est, le Sigurimi disposait ici d'une vaste panoplie d'appareils : matériel d'écoute téléphonique allemand, appareils photo japonais avec téléobjectif, micro-canons et autres systèmes miniaturisés. Si le Sigurimi n'avait rien à envier au niveau technique aux polices politiques du bloc de l'Est, il se reposait surtout sur le « renseignement humain » pour obtenir ses informations, à savoir l'interception du courrier, la délation, le chantage, les interrogatoires, la torture.

A l'origine, la Maison des Feuilles fut une clinique d'obstétrique et de gynécologie. Construite en 1931, elle fut la première maternité gratuite du pays. C'est ici que naquit le 5 avril 1939, Leka Zogu (1939-2011), fils du roi Zog Ier et de la reine Géraldine. Deux jours plus tard, le pays est envahi par l'Italie de Mussolini. Le bâtiment est alors réquisitionné pour accueillir les bureaux de la police fasciste. Puis, à partir de l'été 1943, il devient le siège de la Gestapo en Albanie et principal centre d'interrogatoire de la police secrète d'État nazie… et enfin le Sigurimi, comme quoi tout change mais rien ne change !

Pendant onze ans, c'est de là que sont dirigés les 26 centres régionaux de l'organisation, là aussi que sont menés interrogatoires, tortures et liquidations de milliers de victimes du régime. La maison des Feuilles est alors l'un des lieux les plus secrets de Tirana, mais aussi un des plus craints, au point que certains habitants hésitent toujours à changer de trottoir lorsqu'ils passent devant.

 

Aspect banal, rien d’effrayant a priori

Tous types d’appareils d’écoute

 

En 1955, l'endroit change de fonction. Du fait de sa proximité avec le plus grand bureau de poste et de télécommunication de la ville (aujourd'hui bureau de poste central, à l'angle des rues Ibahim Rugova et Çameria), il devient le centre scientifique et technique du Sigurimi avec comme mission principale le contrôle des correspondances et des appels téléphoniques. Laissés par les Allemands, les premiers appareils utilisés, toujours frappés de la croix gammée, sont capables d'écouter dix lignes téléphoniques en même temps. C'est aussi ici que sont traitées les conversations enregistrées dans les hôtels de la capitale où descendent les visiteurs étrangers : 60 micro-espions sont placés au Dajti, 30 au Tirana International et 30 autres à l'Arbëria

En 1991, le Sigurimi est dissous et remplacé par le ShIK (Shërbimi Informativ Kombëtar, Service national de renseignement) qui hérite non seulement de la Maison des Feuilles et du matériel du Sigurimi, mais aussi d'une partie de ses agents, de ses techniciens et de ses méthodes toujours aussi peu démocratiques. En 1997, face aux critiques, le ShIK disparaît et laisse place au ShISh (Shërbimi Informativ Shtetëror, Service de renseignement d'État) qui fait en sorte de remplacer certains membres de son personnel et d'agir de manière plus légale. Mais le ShISh continuera d'utiliser la Maison des Feuilles jusqu'en 2003.

Le musée se compose de 31 salles réparties sur deux étages. Dans chacune sont détaillés différents aspects des méthodes de travail du Sigurimi, avec ses victimes, son matériel, ses agents, etc. Plusieurs salles en particulier méritent qu'on s'y attarde.

On peut voir, pêle-mêle dans les salles, des micros cachés, une impressionnante collection de matériel d'écoute. On explique les différentes manières de dissimuler un micro. On voit l'intérieur d'un salon albanais des années 1980  reconstitué avec dans le mobilier des micros cachés, mais presque impossibles à détecter.

 

Liste des exécutés

Salon banal ? Trouvez les micros !

 

Ces trois musées permettent d’un peu appréhender l'histoire d'une Albanie tourmentée racontée à travers des œuvres d'art et des installations innovantes et contemporaines.

 

Nous semblons très savants mais nous sommes « doctus cum internet », nos infos viennent en grande partie du web… mais nous avons bien visité ce dont nous parlons !

 

Cet après-midi, promenade au parc proche de chez nous et visite de la petite église saint Procope (inconnu au bataillon des « saints français » !) qui se trouve dans le parc.

Renseignement pris, il s’agit de saint Procope de Césarée… évidemment !!!

Eglise petite car la grande a été détruite… par les communistes (on a l’impression de se répéter !).

 

Photo de l’église avant…

 

… et maintenant

Saint Procope

 

DIMANCHE 4 NOVEMBRE

 

Résultat du referendum en Nouvelle-Calédonie : +/- 56 % pour refuser l’indépendance.

C’est bien que le pourcentage de « non » ne soit pas trop fort, ça évitera peut-être des ressentiments de frustration des « indépendantistes » et ça évitera des affrontements violents car en NC on ne fait pas dans le détail !

 

La grotte de Pëllumbas (Shpella e Pëllumbasit ou Shpella e Zezë) est une grotte karstique, située dans la gorge de Skorana, près du village de Pëllumbas, à environ 20 km de Tirana. Elle est à 500 m d’altitude, sur les pentes de Dajti, une chaîne de montagnes qui culmine à 1 613 m dont nous avons déjà parlé.

La grotte est considérée comme l'une des plus belles du pays et attire de nombreux visiteurs, mais elle ne casse pas 3 pattes à un canard. Le sol très glissant la rend même plutôt dangereuse à visiter ! Faut être muni d’une lampe car il n’y a aucun aménagement. La caverne était habitée par un ours des cavernes, espèce éteinte aujourd’hui, qui vivait il y a environ entre 10 000 et 400 000 ans, mais aucune trace sur place.

 

Entrée de la grotte

 

Prête pour l’exploration. Non, ce n’est pas une tablette mais une lampe !

 

En pleine action

 

Concentration sinon casse-binette !

Ce qui brille au fond, c’est un panneau danger car il y a un trou !

 

Un petit resto’ sympa fournit le matériel pour aller à la grotte (lampe puissante, casque +/- nécessaire et même un guide fort sympathique, et en plus au retour on y mange fort bien !

L’intérêt de cette grotte, c’est la rando pour y aller, une bonne heure de marche dans des paysages superbes et sauvages. Il faut dire aussi que l’on entraperçoit au long la grande ville. Deux mondes s’affrontent, un monde de paysans laborieux, avec 4 chèvres, quelques kakis vendus sur le bord du chemin et un monde de citadins / touristes. Il faut préciser que 50 % des Albanais vivent actuellement de l’agriculture.

 

Notre guide sur le chemin du village

 

Meules de foin

Chèvres déambulant au côté des randonneurs

 

 

Calme

 

Au loin, la grande ville

 

 

Petite précision pour ce resto mais il semblerait que ce soit relativement coutumier en Albanie : un plat est fait pour plusieurs personnes, ce n’est pas écrit sur la carte mais quand on regarde les autres convives on arrive à le comprendre.

 

Repas en terrasse

 

Un plat de burek… pour 6 au moins !

MERCREDI 7 NOVEMBRE

Sommes allés au centre-ville, au musée historique, celui avec une belle fresque socialo-réaliste, pour aller voir une petite exposition de photos sur l’Albanie.

 

Au pied du musée les chalets qui vont être montés sous peu et un futur manège

 

Cette balade nous a permis de constater que l’on s’active sérieusement pour préparer Noël ici aussi.

Il va y avoir un grand « sapin » sur la place Skanderbeg et des chalets de Noël pour un marché (on n’arrête pas le progrès !), nous disons « sapin » entre guillemets, car c’est en fait un montage conique fait de branches en pur plastique synthétique ! Mais c’est joli quand même ! et puis un sapin ou conifère ne résisterait pas longtemps aux températures locales actuelles.

 

Le « sapin » qui attend ses guirlandes et son étoile

 

Les illuminations se mettent en place dans la grande avenue, il y en aura peut-être d’autres ailleurs. Nous vous montrerons tout cela en temps utile.

Notre promenade nous a amenés à « escalader » la tour de l’horloge ce qui permet de dominer, un peu, la place Skanderbeg.

 

Vieille mosquée toujours en travaux

 

A droite, ministère de l’intérieur et son jardin suspendu, Pépé n’avait pas ça à Paris !

La tour de l’horloge

 

 

 

 

 

 

Ici aussi on a des voitures électriques, mais c’est la seule borne de recharge que nous avons croisée et pas sûr qu’elle soit publique

Belle vue sur la place Skanderbeg

 

Une photo de l’expo : qui reconnaît ce pont ? c’est pour voir si vous suivez bien

 

 

 

 

Et cette forteresse ?

Allez, si vous ne trouvez pas les réponses, il va falloir réviser !

Et pour terminer, qui est cette jolie jeune femme ? Dure la question. Un indice, c’est une célébrité nationale !

 

 

SAMEDI 10 ET DIMANCHE 11 NOVEMBRE

Pour commencer les réponses à notre jeu-concours avec une gagnante (2 réponses / 3) mais pas beaucoup de participants !!!

Le pont = pont des tanneurs à Tirana

La forteresse = forteresse de Petrela

Et surtout la jeune fille est tout simplement Mère Teresa très jeune avant qu’elle ne devienne religieuse.

 

Ce WE, pour changer, direction Nord et visite de Shkodër et ses environs.

La ville est tout près du Monténégro mais nous ne pousserons pas jusque-là.

Pas beaucoup de kms à parcourir mais beaucoup de circulation, presque 3 h de route pour 107 km. On a fait une moyenne pour l’A/R de 37 km/h… et encore avec un bout d’autoroute. Faut pas être pressé et au risque de se répéter, ça conduit comme des pieds !

Bon, passons. En arrivant à Shkodër, devinez quoi qu’y a… ? Une citadelle évidemment que nous ne manquons pas de visiter au milieu d’une horde de scolaires déchaînés, pauvres profs condamnés à se coltiner les marmots même le samedi !

La citadelle s’appelle Citadelle de Rozafa (Kalaja e Rozafës), pourquoi ce nom de Rozafa ?

Nous allons (ou plutôt internet) vous conter la légende de cette forteresse.

 

« Il était une fois 3 frères qui voulaient construire un château.

Tous les jours ils travaillaient dur pour construire les fondations de celui-ci, cependant chaque nuit suivante tout se détruisait. Ils étaient désespérés. Cela a duré environ 3 semaines.

Ils ne savaient plus comment faire pour remédier à ce problème.

Un matin, les 3 frères prirent une pause durant leur dur travail. A ce moment-là, les nuages se transformèrent et un visage d'ange apparut dans le ciel.

L'ange demanda aux 3 hommes la raison de leur désespoir, ceux-ci effrayés s'interrogèrent sur le phénomène.

L'ange leur expliqua qu'il était là pour les aider, en effet il détenait la solution pour que la construction du château ne disparaisse pas pendant la nuit.

Les 3 frères lui demandèrent donc la solution.

L'ange répondit : « L'une de vos femmes doit se faire emmurer vivante (dans le mur principal du château) ».

Il leur expliqua donc que la femme choisie serait celle qui apporterait le repas du lendemain.

Cependant aucun des frères ne devait révéler le secret à son épouse.

Le soir même, les 3 hommes inquiets, s’interrogèrent : « quelle serait la femme qui porterait le repas du lendemain ? »

L'ainé ne réussit pas à s'endormir, il décida donc de parler à son épouse, afin que celle-ci ne se rende pas sur les lieux le midi, le 2ème frère fit de même.

Le dernier respecta les volontés de l'ange.

Le lendemain, les 3 frères partirent travailler, et tous 3 stressés attendirent l'heure de midi.

Selon les règles qu'ils avaient établies, le tour de porter le repas était destiné à la femme de l'ainé, cependant elle dit à la seconde qu'elle ne pouvait s'y rendre car elle avait trop de linge à laver.

La seconde trouva également une excuse, pour que la troisième s'y rende, cependant celle-ci venait à peine d'accoucher et ne voulait pas laisser son enfant seul.

Sa gentillesse était si grande qu’elle accepta tout de même d'y aller. Elle prit le panier et partit.

Les 3 frères virent une femme au loin, la crainte était grande, chacun se demandait si c'était la sienne...

Peu à peu, ils découvrirent l'épouse du dernier.

Elle demanda aux 3 hommes : « Que se passe-t-il ? pourquoi n'avez-vous rien construit aujourd’hui ?»

Ils eurent beaucoup de difficulté à lui expliquer...mais ils le firent.

En pleurant, la femme répondit : «J'accepte de me faire emmurer, à condition de me laisser une jambe pour bercer mon enfant, un bras pour le tenir, un sein pour le nourrir, une bouche pour lui parler, un œil pour le regarder et une oreille pour l'écouter ». Elle s’appelait Rozafa.

La construction s'est donc établie, et le château a traversé les siècles...tout comme sa légende.

 

Formant un vaste triangle de 200 ha, c'est l'une des forteresses les mieux préservées du pays.

 

 

 

 

L’ancienne cathédrale saint Etienne

 

 

 

On voit que la région ne manque pas d’eau !

 

 

Et en bas de la citadelle il y a une vieille mosquée, la Mosquée de Plomb (1773-1774) qui possède 18 coupoles en plomb paraît-il. Son minaret s’est écroulé en 1967 lors d’un séisme. Elle est maintenant presque dans la campagne en périphérie de la ville. Il faut imaginer (!) autrefois les quartiers animés et le bazar que le Drin (fleuve qui passe par là) a noyés lors d’une inondation quand il a changé de lit. Il n’y a pratiquement aucune trace de ce passé.

Une cour bordée d’arcades précède la salle de prières très simple. Au sol de beaux tapis. Le mur du côté du mihrab est peint en vert. Autour de la porte d’entrée le linteau est ciselé délicatement.

 

 

 

 

On enlève puis on remet les chaussures

 

Fin du communisme, réoccupation de la mosquée

 

Reste de sculpture

Maintenant à l’attaque de la ville. Nous nous séparons avec soulagement de la voiture car circulation diabolique, vélos dans tous les sens, piétons inconscients, et j’en passe !

Le centre « historique » est relativement réduit car des séismes ont eu raison de la ville. Mais il reste quelques beaux bâtiments relativement bien restaurés. Ça donne une belle rue piétonne, probablement une des premières d’Albanie, elle existait déjà en 2009 lors de notre précédent voyage.

 

La rue piétonne Kolë Idromeno

 

 

 

Rénovation du quartier payé par l’UE mais il y a encore du boulot !

 

A noter aussi dans la rue piétonne, un musée de la photographie : Marubi National Museum of Photography ou Muzeu Kombëtar i Fotografisë Marubi.

Installée dans un nouveau bâtiment depuis 2016, cette photothèque abrite la fascinante collection de plus de 100 000 photos réalisées par le studio Marubi (1858-1940).

 

Pietro/Pjetër Marubi (1834-1905), Italien né à Piazenca, est un artiste, peintre et sculpteur. Militant garibaldien, il échappe aux geôles de l'empire austro-hongrois en trouvant refuge à Shkodra en 1850 et albanise bientôt son prénom en Pjetër. Poursuivant son travail de peintre (certains de ses tableaux sont exposés à la galerie nationale d'Art, à Tirana), il est attiré par la photographie balbutiante, fonde le studio Foto Marubi et finit par en vivre. Il prépare lui-même ses plaques au collodion, reçoit ses clients ou part dans les rues, photographie, puis développe ses plaques. Il ne cessera dès lors de saisir son pays d'adoption avec son appareil de type chambre photographique. Certaines de ses photos seront même publiées dans les grands journaux comme L'Illustration en France.

Son ancien apprenti Kel Kodheli troque son nom contre celui de Kel Marubi (1870-1940) et poursuit l'œuvre de son mentor. Considéré comme le grand artiste de la lignée Marubi, son travail s'inscrit pourtant dans la continuité de Pjetër. Devant leur appareil à chambre photographique, toute la société albanaise prend la pose devant un même décor à peine modifié au fil des décennies, celui d'une toile peinte avec arbres et feuillage. Les Marubi, surtout Kel, font aussi œuvre de mémoire de la vie sociale : boutiques (tailleur, chapelier, marchand de bonbons, etc.), marchés, hôpitaux, constructions. La réputation du nom de Marubi grandit et Kel photographie même le roi Zog en tenue d'apparat ou lors de son mariage et, plus surprenant, en slip de bain, faisant des haltères sur un ponton de Durrës.

Le fils de Kel, Gegë Marubi (1909-1984) prendra la suite. Formé à l'école des frères Lumière à Lyon dans les années 1920, il réalise portraits et reportages, mais s'essaye aussi aux paysages et teste le film celluloïd. Plusieurs fois récompensé, Gegë est contraint de fermer le studio Marubi en 1940 du fait de l'occupation italienne. Après-guerre, refusant de travailler pour le régime communiste, il devient alors l'archiviste et le conservateur de l'œuvre des trois générations. Patiemment, il ordonne, collectionne et préserve les clichés (dont les siens) du studio Marubi. En 1970, Gegë Marubi cédera cette collection à l'État qui créera la photothèque Marubi de Shkodra. Celle-ci représente le fonds photographique le plus riche du patrimoine albanais : plus de 100 000 négatifs dans une continuité historique et une unicité de sujet (l'Albanie) s'étalant sur trois générations, à cheval entre deux siècles et deux mondes, un exemple sans doute unique au monde. Depuis 1994, l'institution a reçu l'aide de l'Unesco et de l'association française Patrimoine sans frontière afin de préserver la collection.

D’après le Petit Futé

 

Photo avec décor d’époque

Les créateurs de l’alphabet albanais

 

Photos de l’atelier

 

Un regret : nous aurions aimé visiter l’atelier De Masques Vénitiens Angoni (Fabrika Angoni E Maskave Veneciane). Shkoder fut vénitienne il y plus de six siècles, et elle le reste encore un peu. La preuve, la plupart des masques vendus lors du Carnaval de Venise proviennent de cet atelier qui peut se visiter mais c’est fermé le WE.

 

Une image contenant table, bâtiment, intérieur

Description générée automatiquement

Une image contenant masque, bâtiment

Description générée automatiquement

 

Nous n’échappons pas aux monuments religieux, églises et mosquée. Pour la mosquée, nous avons été servis, muezzin en plein milieu de la nuit qui pousse sa chansonnette à fond les haut-parleurs pour appeler à la prière ! Grr !

 

 

 

 

 

Eglise catholique saint François

 

 

 

Shpieja e Madhe, peinture anti-communiste

de Pjerin Sheldija

 

 

La nouvelle cathédrale saint Etienne

 

 

 

 

 

 

 

 

La mosquée dont le muezzin nous a réveillés en pleine nuit !!!

 

Nënë Teresa

 

Un moine enchaîné devant saint Etienne

Et ce matin recherche d’un pont ancien, le Pont De Mes (Ura E Mesit)

Si de nombreux ponts du pays portent le même nom - ura e mesit signifiant « pont du milieu », celui-ci est unique : datant de 1768, c'est le plus long pont ottoman d'Albanie (108 m de longueur). Bien préservé et profitant d'un beau cadre naturel, c'est aussi l'un des plus étonnants avec son tablier courbé qui épouse le relief. Il repose sur 13 arches et s'appuie dans sa partie centrale sur une grande arche de 14 m de hauteur. Malheureusement, on a édifié juste à côté un pont moderne qui gâche un peu (beaucoup) le paysage et surtout, il y a dans le secteur un sérieux problème de traitement des ordures, c’est dégueulasse !

 

 

Pour terminer, un petit tour au Lac de Shkoder (Liqeni I Shkodrës )

C'est le plus grand lac des Balkans. Sa surface varie, selon les saisons, de 370 à 530 km2. À cheval sur l'Albanie et le Monténégro, ses rivages s'étendent sur un peu plus de 200 km. Abrupts dans la partie ouest du lac, ceux-ci sont bordés de plaines et de marécages dans la partie nord et côté albanais. Mais la brume ne nous a pas permis d’apprécier pleinement le paysage.

 

 

 

 

DE VENDREDI 16 NOVEMBRE A DIMANCHE 18 NOVEMBRE

L’école est tout simplement fermée, car tous les élèves, petits et grands, sont partis pour la journée, en excursion. Résultat, nous aussi nous partons mais dans la direction opposée.

Nous allons donc passer le WE du côté de Fier, où se trouvent au moins deux sites archéologiques intéressants.

VENDREDI

Nous commençons par Apollonia ou Apollonie d’Illyrie en français.

Apollonie est une ancienne cité grecque fondée par des colons venus de Corinthe et de Corcyre (Corfou) vers 600 av. J.-C.

Apollonie se développe au VIe et surtout au Ve siècle av. J.-C., en étendant son influence vers le sud au détriment de Thronion (l'actuelle Vlora).

À partir du IIIème siècle av. J.-C., Apollonie se place sous la tutelle de Rome. La ville devient un important port romain de l'Adriatique.

Sa fin semble être due principalement à une série de tremblements de terre. Au Vème siècle, la ville est totalement abandonnée.

Les premières fouilles sur le site semblent remonter à la Première Guerre mondiale et sont opérées sous contrôle austro-hongrois. Une mission française menée par Léon Rey y intervient entre les deux guerres jusqu'en 1939, puis une mission italienne pendant l'Occupation. En 1991, le site sera de nouveau ouvert aux missions étrangères et notamment française, avec Pierre Cabanes.

L'ensemble des édifices publics monumentaux mis au jour par les fouilles de Léon Rey compose le centre politique d'Apollonie : bouleuterion, odéon, bibliothèque, arc de triomphe et temple de Diane, qui remontent au milieu du deuxième siècle ap. J.-C.

 

Plus important vestige du site, le bouleutérion abritait le conseil de la ville (la boulè). Aussi connu sous le nom de monument des Agonothètes, il a été érigé au IIème siècle de notre ère. Son portique (à gauche de l'entrée) a été en partie reconstitué.

 

 

Riche décoration

Une touriste albanaise à vélo a absolument voulu nous prendre tous les deux. Devant le bouleuterion on aperçoit les piliers d’un arc de triomphe.

En face du bouleuterion s'étendent les restes d'un odéon (théâtre couvert) d'époque romaine (rangées de sièges adossées à la colline).

 

L’obélisque d’Apollon Aegyeus, protecteur des colons

 

Porte d’entrée du téménos (= enceinte sacrée)

 

 

Calme et quiétude, presque aucun visiteur

Un complexe de bunkers anti-aériens encore bien visible a été construit par les communistes à l’emplacement de l’acropole typique des villes grecques antiques (bande de sagouins, aucun respect !).

 

 

 

 

Un théâtre fort pentu dont il ne reste pas grand-chose.

 

Image de l’Albanie profonde

Le musée et l'église sont situés au sein de l'ancien monastère Ardenica (qui porte le même nom que le grand monastère situé dans les environs).

L’église de la Vierge Theotokos, église byzantine a été érigée au XIIème siècle et remaniée aux XIIIème et XIVème siècle. Elle est remarquable par la qualité de son assemblage et la forme de cloître sur colonnes qui constitue l'une de ses entrées et sa coupole qui repose à l'intérieur sur quatre colonnes. L'iconostase gravée est également remarquable. De rares fresques ont survécu, notamment dans le coin à gauche de l'entrée.

Le musée regroupe statues, colonnes, stèles et autres matériaux archéologiques découverts depuis la période archaïque jusqu’au Moyen Âge.

 

 

 

 

Les fresques mériteraient d’être restaurées

 

Iconostase

 

Reste de mosaïque

Mariage pluvieux…

 

… touriste prévoyante

Un sacrifice

Matrone dit l’étiquette, c’est-à-dire dame de qualité

 

Lapinus rapidus

 

Matrona barba

Belle visite mais sous un ciel bas et lourd… qui a fini par nous dégringoler sur la tête, première pluie depuis bien longtemps, et en plus la température a sacrément chuté, 10 °C dit le thermomètre de la voiture à 2 h de l’aprem’.

Sans tarder direction notre hôtel à Fier (130 000 habitants) où il n’y a pas grand-chose à voir, c’est juste une ville étape.

Particularités marquantes de cette ville : une mosquée offerte par l’Arabie Saoudite, de gigantesques travaux au centre-ville, absence quasi-totale de restaurants et habitants « bonnets de nuit », plus personne dans la rue à 20 h 30, mais un parc public bien mis en lumière !

 

Mosquée la nuit

 

Jets d’eau lumineux

Pas un passant pour en profiter… sauf nous

 

Travaux d’aménagement de la rivière et de la grande rue voisine

De nombreux habitants (sur la passerelle) viennent voir l’avancée des travaux.

 

Bunker d’Enver Hoxha en perdition

Il va bientôt falloir lancer une opération « gilets jaunes » pour sauver les bunkers albanais en voie de disparition

 

SAMEDI

Nous allons visiter le site archéologique de Byllis (Bylisi en albanais) qui est à +/- 40 km au sud-est de Fier, mais il faut compter largement une heure de voiture, route tortueuse voire étroite sur la fin et parfois très dégradée. Le trou dans la chaussée, l’affaissement, l’absence de revêtement sont imprévisibles !

Sur le trajet, rencontre avec l’Albanie pétrolière. Eh oui, l’Albanie est, sauf erreur, le premier producteur de pétrole d’Europe paraît-il, hors la Russie (à vérifier quand même).

Et il faut voir dans quelles conditions ce pétrole est produit !!! c’est indescriptible autant qu’horrible. Le pétrole extrait fuit sur le sol, le matériel d’extraction est dans un état catastrophique, l’air est empesté par des odeurs difficiles à identifier, on croirait une fuite de gaz massive. Si on en croit les articles que l’on trouve sur internet, on a là une crise écologique silencieuse que les gilets jaunes (encore !) devraient venir voir avant de râler !

 

Paysage qui semble bucolique… sauf que !

 

 

 

 

 

 

 

Il manque quelque chose de fondamental à ces photos, c’est l’odeur épouvantable de cet environnement !

Tuyau neuf quand même

 

 

 

 

 

 

 

Ça ressemble à un champ de bataille

Et encore, nous ne sommes pas allés dans le secteur où les forages sont le plus concentrés

 

Bon revenons à Byllis, lieu idyllique… pas très loin de cette zone cauchemardesque !

Byllis était la plus grande cité illyriene dans le sud-ouest de l'Albanie. Découvert au XIXème siècle et laissé pendant des années sans surveillance, ce vaste site de 30 ha est désormais protégé et le gardien, fort prévenant a ouvert tous les sites protégés au fur et à mesure de notre visite.

La plupart des vestiges visibles aujourd'hui datent de l'Antiquité tardive, notamment une grande basilique ou cathédrale et ses dépendances, qui constituent le plus vaste ensemble dégagé, d’autres églises ou basiliques selon la terminologie locale (5 en tout), le rempart tardif élevé sous Justinien Ier, mais aussi des maisons urbaines, des citernes, un théâtre, etc. Seule une partie du site est fouillée.

 

Le prytanée

L’arsenal

Restes de thermes

 

 

Une des cinq basiliques, la C

Au théâtre

 

Mosaïque cachée sous de la terre

 

 

Photo récupérée sur internet

Vue sur la vallée depuis le site antique

Non, vous ne rêvez pas, au fond, c’est bien de la neige qui vient de tomber cette nuit !!!

 

Très long mur d’enceinte de Justinien, construit par Victôrinos

 

 

 

 

Une citerne

 

Souvent vues sur la route ces derniers temps : les dindes en troupeaux. Elles vont passer un sale moment                 dans quelques jours.

 

Après la visite de Byllis, nous décidons d’aller voir la mer. Nous n’avons pas été déçus par le voyage.

Laissons parler les photos.

 

Plage !

 

Lais’béton

Bar

 

Quel usage ?

Plage à gauche et construction pour un gazoduc - TAP (si l’on a bien compris) à droite

 

Le Trans Adriatic Pipeline (TAP), en français « gazoduc trans-adriatique », est un projet de gazoduc ayant pour objet de transporter vers le marché européen le gaz naturel de la mer Caspienne (Azerbaïdjan). Il partira de la frontière gréco-turque et traversera la Grèce, l'Albanie et la mer Adriatique pour arriver en Italie.

Le TAP est soutenu par les institutions européennes et est un maillon du projet de corridor gazier sud-européen qui permettra d’acheminer du gaz naturel en Europe occidentale depuis le gisement gazier de Shah Deniz qui est le plus important champ de gaz d'Azerbaïdjan. Il est situé en mer Caspienne à environ 70 kilomètres du sud-est de Bakou.

Après ça, vous ne pourrez pas dire que vous n’apprenez pas plein de chose grâce à nous !

 

Du côté de Durrës, que nous avons vu en mai de cette année, ce n’est pas mieux !

 

Ça a l’air alléchant mais…

 

Conclusion, si vous venez en Albanie, ne comptez pas trop sur la mer pour vous rafraîchir ou alors c’est à vos risques et périls !

DIMANCHE

Sur le retour, passage par le monastère de la Nativité de Theotokos à Ardenica situé non loin de Fier sur la route nous ramenant à Tirana

Passons sur l’histoire ancienne qui fait remonter la fondation du monastère à l’empereur byzantin, Andronikos II Palaiologos en 1282 après la victoire contre les Angevins au siège de Berat… A partir de 1957, l'évêque orthodoxe Irene Banushi (1906-1973), grande figure de l'opposition religieuse au régime d'Enver Hoxha, est interné ici après avoir purgé cinq ans de prison. En 1967, il sauve le monastère en réussissant à convaincre les étudiants venus pour le détruire de la valeur historique du lieu, insistant notamment sur le souvenir du mariage de Skanderbeg, devenu personnage symbole de la propagande communiste. Fermé au culte et aux visiteurs en 1969, le monastère est alors utilisé comme entrepôt militaire pendant une courte période, puis classé monument culturel avant d'être transformé en centre de loisirs en 1988. Restitué à l'Église en 1991, le monastère accueille de nouveau une communauté de moines depuis 1996.

Il est actuellement en activité en Albanie avec… 2 moines, un qui dit la messe et l’autre qui lui sert d’enfant de chœur.

Ce monastère parfaitement restauré constitue l'un des plus beaux monuments orthodoxes d'Albanie. Il abrite de magnifiques fresques et icônes.

Il conserve une magnifique iconostase sculptée et des fresques du XVIIIème siècle.

Malheureusement l’intérieur de l’église très peu éclairé ne laisse rien voir de sa beauté et en plus les photos sont interdites et un bedeau efficace surveille !

 

 

 

Photo « pirate » à l’insu du bedeau

Photo issue du web : on a du mal à trouver la ressemblance avec la photo de gauche

 

 

 

 

 

Icone déposée dans un musée de Tirana

 

 

 

 

 

Retour à Tirana sous la pluie.

C’est tout pour le moment !

 

SAMEDI 24 ET DIMANCHE 25 NOVEMBRE

A propos du courrier en Albanie. Les boîtes aux lettres dans les immeubles sont absentes. Il paraît, dixit une de nos connaissances, albanaise, que quand une personne reçoit un courrier, le facteur la contacte par téléphone, prend RV et apporte la lettre en mains propres !

Une carte postale envoyée de France à l’école n’est jamais arrivée et certaines cartes que nous avons mises dans une boîte (uniquement liée à un bureau postal) ne sont jamais arrivées. Quand nous avons acheté 10 timbres d’un coup, la postière nous a regardés comme des extra-terrestres ! Les enveloppes ne s’achètent qu’à l’unité. A la grande poste de Tirana on a vu une préposée trier et tamponner le courrier à la main.

Bref, le courrier et un objet quasiment inconnu !

Dans la semaine, nous sommes allés place Skanderbeg voir où en est le « marché de Noël ». Tout est prêt pour la fête et ça fonctionne « plein pot » même en pleine journée.

 

 

 

 

Dans la semaine toujours, un jour de grosse pluie, nous sommes allés visiter le musée archéologique de Tirana non loin de chez nous vers l’université de technologie.

Il ne faut pas compter y passer l’après-midi ! Une 1/2 heure permet, largement de faire le tour des 3 maigres salles. En fait il faut aller à celui de Durrës qui est plus grand (un peu !) et plus moderne.

Il paraît que le budget alloué à l’archéologie est de 30 000 € / an. C’est sûr que l’on ne risque pas d’aller bien loin avec une telle somme.

 

 

Pas un chat !

 

Dieu de la fertilité

 

Esclave au repos

 

Moins il y a à voir, plus il y a de photos !

 

Tentative timide de black Friday, seuls quelques magasins ont mis une affiche ; mais les rabais annoncés se limitent à l’affiche, rien de black dans les prix… curieusement indiqués en $ dans certaines boutiques. Le prix en lek (monnaie locale) ne correspondant absolument pas au prix en $, une fois la conversion faite, allez comprendre.

 

Une acheteuse frénétique !

 

Hier soir, petit tour en ville pour voir les illuminations de Noël qui ont débuté il y a une semaine.

Il y a sur la place centrale un grand sapin… artificiel fait avec des branchages purement synthétiques, mais c’est quand même très joli.

 

 

Il y a un « marché de Noël » mais à une ou deux exceptions les « chalets » ne sont que des bars ou baraques à saucisses (pas de porc).

Il y a même un Père Noël en plastique auprès duquel vont se faire photographier les enfants. Au moins on ne risque pas de tomber sur des Pères Noël pédophiles !

 

Elle attend le Père Noël…

… et lui aussi !

 

 

 

 

 

Deux symboles qui se rencontrent

La société de conso et le socialisme

 

Idem ici

Hôtel de luxe (qui existait pour les apparatchiks du temps du communisme) et opéra dans le style stalinien

 

 

 

Toutes les boutiques ou presque sont des bars remplis jour et nuit

 

Toutes les grandes rues sont décorées pour Noël bien que l’Albanie soit un pays à +/- 50 % musulman.

 

 

 

 

 

Mêmes les monuments publics sont de la fête.

 

 

 

Tour de l’horloge

 

Un ministère

Parlement

 

 

Cathédrale orthodoxe

 

Sortir le soir pour admirer les illuminations de Noël nous a permis d’aller jeter un œil sur une exposition consacrée à Chagall : en effet, étrangement, cette expo n’est ouverte au public que de 19h à 21h. A la faveur de notre sortie nocturne, nous avons donc pu découvrir de belles lithographies qui pour la plupart illustrent Les âmes mortes pour une série et Les Fables de La Fontaine pour l’autre série. Elles sont exposées dans un bâtiment officiel de style ministériel : Center for the opening and dialogue, tel est son nom traduit en anglais.

 

 

 

 

Du 21 au 24 novembre se tient également la 25ème foire internationale de Tirana. Nous nous y précipitons car les événements sont assez rares ici pour des francophones ignorants de l’albanais. Première surprise à notre arrivée : un entassement de voitures et de motos de gendarmes à l’alignement aussi impeccable que celui des girls d’une revue, en nettement moins glamour tout de même !

Les cambrioleurs peuvent s’en donner à cœur joie, plus de policier en ville !

 

 

 

 

Lorsque nous nous approchons ensuite du Palais des Congrès où se tient la foire, nous sommes stupéfaits d’en voir les abords encombrés de véhicules militaires gardés par des soldats en tenue au son de musiques martiales. A l’intérieur, François-Xavier se voit même offrir l’achat d’une kalachnikov !

Heureusement certains stands sont plus paisibles ; la Serbie, la Turquie, l’Italie, la Grèce et bien sûr l’Albanie, mais aussi l’Egypte et la Chine tiennent des stands très divers : ameublement, alimentation, emballage, parfums, droguerie, vêtements et même photos et œuvres d’art …

 

Le Palais des Congrès où se tient la foire

 

Etalage de la puissance militaire

Vieux camion de pompier d’origine chinoise…

 

… et « jeep » d’origine russe

L’intérieur

On trouve de tout, ici jeux d’échecs italiens

 

On voit que le palais d’exposition date du communisme

 

Dans les années 90, migrants fuyant l’Albanie

 

Travail collectif pendant les années coco…

On voit que cette foire est très éclectique, on trouve vraiment de tout, de la Kalach… à des œuvres d’artistes

 

Au cours de notre visite nous avons le plaisir de rencontrer Rudina, notre interprète à l’école au mois de mai : elle présente au public sa production bio qu’elle cultive au nord du pays dans un cadre particulièrement sauvage et grandiose que nous nous promettons d’aller découvrir.

 

Que produit Rudina ? Quelle est cette fleur ? Elle donne quoi ?

 

Dimanche, jour passablement pluvieux, nous nous contentons d’une grande balade dans le parc municipal dont nous avons déjà parlé (voir blog, dimanche 16 septembre). Depuis chez nous, en faisant le tour complet du lac, il y en a bien pour 1,5 h de marche.

Le parc fait 230 ha, il se trouve au bord du lac artificiel de Tirana créé en 1955.

 

Deux vues inédites prises hier alors qu’il faisait beau.

On a bien maintenant les couleurs d’automne

 

DU MERCREDI 28 NOVEMBRE AU DIMANCHE 2 DECEMBRE

Réponse à la question de dimanche : c’est une fleur de safran.

 

Nous bénéficions de 2 jours fériés + un troisième pour faire un bon gros pont… donc nous taillons la route.

La raison :

Férié le 28 novembre car le 28 novembre 1912, Ismaël Quemal Bey proclame l'indépendance de l'Albanie au congrès de Vlorë. L’histoire dans la région à cette période est complexe, nous vous laissons aller voir cela sur le web.

C'est aussi curieusement (!) l'anniversaire d'une première libération du pays par le héros national Skanderbeg (« prince Alexandre ») en 1443.

Et aussi curieusement notre étape du jour est Vlora (ou Vlorë), quelle coïncidence !

Férié le 29 novembre car le 29 Novembre 1944 c’est la libération de l’Albanie de l'occupation fasciste et la victoire de la révolution populaire (rien que ça !!!).Rien trouvé sur la question si ce n’est un site totalement délirant.

Le vendredi n’est pas férié mais l’école a décidé de faire le pont.

Tout cela nous permet de partir jusqu’à dimanche explorer le sud de l’Albanie.

 

MERCREDI

On commence donc par Vlora ville étape à +/- 2 h 30 de Tirana.

Ville de +/- 80 000 ha, dite bouillonnante, située à seulement 72 km de la côte italienne, c’est le deuxième port après Durrës.

Vlora fut la première capitale de l'Albanie de 1912 à 1914.

Durant la période communiste, Vlora fut un important centre de recrutement pour le Sigurimi, la très redoutée police secrète. Vlora a beaucoup fait parler d'elle après la chute du communisme en devenant la base opérationnelle de la mafia albanaise. Jusqu'à ce que l'Etat se décide à régler le problème en 2007-2009, la ville était aux mains des scafistes, pirates opérant entre l'Albanie et l'Italie. Vlora est désormais une ville sûre et aérée, avec de larges avenues. De tortionnaires à truands, il n’y a qu’un pas que certains franchissent sans état d’âme !

Le long de la baie, le front de mer est en cours de réhabilitation avec la création d'une promenade (projet « Vlora Waterfront »). Grande plage… peu recommandée car polluée.

 

 

 

Depuis notre hôtel, front de mer le jour

 

… et de nuit

Nous avons commencé notre visite par le musée de l’indépendance. Il s'agit du plus ancien musée d'Albanie, fondé en 1936, puis restauré en 1962. Sur deux étages sont aujourd'hui reconstitués les bureaux des ministres du gouvernement provisoire formé par le politicien et écrivain Ismail Qemali (1844-1919).

Ce modeste bâtiment du XIXème siècle fut le siège du premier gouvernement albanais du 4 décembre 1912 au 22 janvier 1914.

Ce petit musée était rempli de visiteurs albanais.

D’ailleurs la ville est bien pavoisée et le drapeau national est bien de sortie !

 

 

 

 

La première « maison gouvernementale » : la maison qui servait à la quarantaine sur le port

 

Ismail Qemali

 

La femme qui a cousu le premier drapeau albanais : Marigo Posio

 

 

Plus patriote, je meurs !

 

Les principales curiosités de la ville sont concentrées autour de la place du Drapeau (Sheshi I Flamurit) qui est la plus grande place de la ville. Le 28 novembre 1912 fut hissé ici pour la première fois le drapeau national quelques heures après la proclamation de l'indépendance de l'Albanie. Ce drapeau fut légèrement modifié sous le roi Zog qui fit ajouter le casque de Skanderbeg au-dessus de l’aigle bicéphale et durant le régime communiste avec une étoile jaune à cinq branches.

On trouve également le monument de l'Indépendance (Monumenti i Pavarësisë), érigé au centre de la place en souvenir de la déclaration d'indépendance en 1912. Il s'agit d'un bronze de 17 m de haut de style réalisme socialiste représentant les héros de l'indépendance, tels Ismail Qemali et Isa Boletini. La statue a été réalisée par trois des artistes les plus actifs de cette période : Mumtaz Dhrami, Shaban Hadëri et Kristaq Rama (père du Premier ministre Edi Rama, élu en 2012). C’est du Costaud !!!

 

 

 

Au nord du monument de l'Indépendance, on trouve le tombeau d'Ismail Qemali, premier ministre du premier gouvernement albanais qui est mort en exil à Pérouse (Italie) en 1919. Petite précision utile pour le lecteur néophyte : l’indépendance de l’Albanie n’a duré que… 2 ans. En 14, différents événements font que le pays retombe sous des coupes diverses…

 

Le tombeau bien fleuri évidemment !

 

Au sud du monument de l'Indépendance la maison d'Eqrem Vlora, belle maison de style ottoman qui a appartenu à l'un des 83 signataires de la déclaration d'indépendance.

 

Maison d’Eqrem Vlora

 

 

La mosquée Muradiye fut érigée en 1542 sur ordre du sultan Soliman le Magnifique. Le bâtiment pourrait avoir été conçu par le grand architecte Mimar Siman dit « le Michel Ange des Balkans ».

Petite et de forme carrée, la mosquée est construite en pierre avec des bandes horizontales décoratives en brique. Les murs sont percés sur chaque côté de cinq ouvertures harmonieuses sur trois niveaux. L'édifice est surmonté d'un original dôme à douze côtés recouvert d'une toiture en tuiles rondes. Il est doté, côté ouest, d'un minaret en pierre sculptée qui lui est accolé. La porte et les fenêtres sont munies d'élégantes grilles en fer forgé. L'intérieur est sobrement décoré de calligraphies coraniques.

 

La mosquée Muradiye

L’intérieur de la mosquée

 

Son plafond

Mis à part ces quelques curiosités, la ville n’a pas grand charme.

Nous avons arpenté entre l’hôtel et la place de l’indépendance une grande avenue avec immeubles modernes et « HLM » en triste état. Tout comme dans d’autres villes d’Albanie, de grands travaux tendent à améliorer la voirie et faciliter les déplacements avec de grands trottoirs, ce qui manque bien à Tirana.

 

Déco « cache-misère »

Le bazar

 

Musée historique… fermé

Musée ethnographique au fond d’une rue défoncée… lui aussi fermé

Boîte de nuit !

 

Pour terminer la journée, balade sur le front de mer, bien aménagé lui aussi pour les badauds… grâce à des fonds européens !

 

 

 

JEUDI

De Vlora nous descendons par la côte à Butrint. Il faut bien la journée pour 150 km.

La route est absolument splendide, nous ne regrettons pas d’avoir fait étape à Vlora.

Cette route époustouflante se déroule jusqu’à Saranda, bien souvent en corniche, grimpant des montagnes pour redescendre en lacets serrés vers la mer et laissant découvrir de petites plages dans des baies ou au débouché de torrents ayant plutôt des aspects de canyons.

 

 

 

Forteresse de Porto Palermo

 

 

Tunnel de Porto Palermo, ancienne base militaire

 

 

 

Pas trop de béton dans des villages escarpés qui n’ont rien à envier aux villages corses. Et là aussi d’énormes travaux de voirie pour paver les rues. On a l’impression que les chantiers se font de façon anarchique, un peu par tous les bouts, mais au final ça donne de beaux résultats. A noter que c’est fait entièrement à la main, deux trois ouvriers taillent et posent les pierres une par une tranquillement en taillant la bavette sans se presser. Ça avance doucement mais sûrement.

 

Dhërmi : nous n’avons pas réussi à monter jusqu’au monastère

 

Ça traverse la route sans prévenir !

 

Fruit de saison : lequel ?

Arrivés à proximité de Saranda, un enterrement avec une foule énorme et des voitures dont la nôtre qui tentent de se frayer un passage. Résultat, thrombose totale, personne ne peut ou ne veut manœuvrer ! On plante la caisse sur le bord et on va casser la croûte, faut dire qu’il est bien 15 h. Une demi-heure plus tard le caillot a disparu et nos ventres sont remplis, nous pouvons repartir.

Saranda, « magnifique » ville balnéaire pour Scandinaves et autres amateurs de soleil low-cost et d’eaux polluées vu que la ville ne dispose même pas de tout-à-l’égout ! C’est tout simplement béton sur béton, anarchie complète des constructions.

 

 

 

En pleine ville !

 

Au milieu de tout cela on trouve des restes archéologiques, basilique et synagogue antiques.

 

 

 

Reproduction de mosaïques trouvées sur le site antique

 

Arrivée à Butrint en fin d’aprem’, ouf, bien contents d’arrêter de tourner le volant dans tous les sens.

 

VENDREDI

Butrint est LE site archéologique majeur d’Albanie et un des plus beaux lieux de visite d'Albanie, dixit les guides. C’est la ville, Bouthrôtos ou Buthrote, où se seraient installés Hélénos et Andromaque, unis après la mort de Néoptolème. Un lieu qui a inspiré Virgile, Racine et Lord Byron, où Eugène Delacroix et Edward Lear ont posé leurs chevalets. Une autre célébrité, Nikita Khrouchtchev, y a été reçue en 1959 : heureusement Enver Hoxha a rompu tout lien avec l’URSS à temps, NK voulait installer ses sous-marins dans la baie ! La cité antique et sa situation naturelle exceptionnelle ont valu à cet ensemble d'être classé au Patrimoine mondial de l'Unesco dès la chute du régime communiste en 1992. Le parc national a lui-même été officiellement créé en 2000.

 

Arrivée le soir sur Butrint

 

On voit bien avec cette photo que le site est sur une presqu’île

 

Il s'agit pour l'Unesco « d'un microcosme de l'histoire de la Méditerranée ». Le site est constitué d'une péninsule dominée par une colline boisée qui s'élève à 17 m d'altitude. De là, on profite d'un panorama imprenable sur le lac de Butrint et le canal de Vivari qui se jette dans la mer Ionienne 1 km à l'ouest.

Nous avons eu la chance d’avoir une météo splendide pour notre visite. Grand soleil mais température un peu fraîche, évidemment nous sommes fin novembre. De plus il y a très peu de visiteurs ce qui rend la visite encore plus agréable.

 

Les principaux monuments du site

A noter la présence d’un hôtel… qui n’existe pas !

 

 

 

 

 

 

A l’entrée du site

Une tour vénitienne percée de fines meurtrières, elle a été construite au début du XVIe siècle Elle rappelle que Butrint, alors dépeuplée, servait de poste avancé pour défendre et nourrir l'île voisine de Corfou tenue par les Vénitiens (1386-1797), puis brièvement par les Français.

 

 

Source sacrée et sanctuaire d'Asclépios

Dès le IVème siècle av. J-C la tribu illyro-grecque des Chaoniens vouait un culte à Asclépios, dieu guérisseur et libérateur des corps, fils d'Apollon. On venait ici pour se purifier à la source réputée miraculeuse et pour organiser des cérémonies où les esclaves étaient affranchis. Butrint constitue ainsi le second sanctuaire grec connu ayant pratiqué l'affranchissement d'esclaves en grand nombre. Plus de 400 esclaves y furent libérés contre 1 400 à Delphes. Modifié au cours des IIIème et IIème siècle av. J-C, le sanctuaire se composait d'un temple, d'une stoa (galerie), d'une pièce fermée où était enfermé le trésor, de bâtiments accueillant les pèlerins, d'un accès donnant sur le canal et du théâtre.

 

 

 

 

 

 

 

Le théâtre

C'est le monument le plus célèbre de Butrint où a lieu chaque année un festival réputé. La partie basse, envahie par les eaux, est aujourd'hui le paradis des tortues et grenouilles. Édifié au IIIème siècle avant J-C, il pouvait accueillir jusqu'à 1 500 spectateurs. La scène, reconstruite au IIème siècle av. J-C, comporte un mur orné de six niches qui abritaient des statues de marbre.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le côté gauche de la scène du théâtre, des inscriptions grecques gravées dans la pierre. Il s'agit d'actes d'affranchissement d'esclaves.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les thermes dont on peut ici voir les fondations avec les colonnes de briques ou hypocauste permettant de chauffer le caldarium (bains chauds).

 

Mais l’eau est bien froide !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Insulae

Il s'agit des anciens quartiers d'habitations romaines. Une insula en particulier a fait l'objet de fouilles avec la mise à jour d'un vaste bâtiment (habitation ou gymnase) plus tard transformé en église où fut découverte une mosaïque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le baptistère

Édifié au VIème siècle, c'est l'un des plus beaux exemples connus de baptistères paléochrétiens en Méditerranée centrale. Il se compose de deux rangées de piliers en granit et d'un fonds baptismal au centre.

 

 

 

Le sol du baptistère est pavé d'un ensemble de huit mosaïques polychromes (rouge, noir et blanc) développant le thème du Salut des âmes - le chiffre 8 étant lui-même le symbole du Salut dans la tradition chrétienne - avec 64 médaillons à figures animales. Ces mosaïques sont le plus souvent recouvertes de sable et de terre pour assurer leur conservation.

 

Ceci est une photo du web, nous n’avons pas eu la chance de voir cette mosaïque qui est découverte seulement de temps en temps.

 

 

 

Grande basilique

Conservant de hauts murs dénudés, l'édifice actuel remonte à la période vénitienne. Il a été érigé à l'emplacement de la première basilique du VIème siècle. Cette dernière était composée de trois nefs séparées par des colonnades dont certains éléments réutilisés apparaissent dans les murs. Autrefois décoré de mosaïques polychromes (encore visibles en certains endroits) réalisées par les mêmes artisans que celles du baptistère, le sol a été plus tard recouvert de dalles de pierre.

 

 

Reste de mosaïque dans la basilique

 

 

 

 

Palais du Triconque : Il s'agit d'une ancienne villa romaine agrandie et transformée en palais en 425 au début de la période byzantine. Ce bâtiment doit son nom à son triclinium, vaste salle triangulaire (en triconque, en forme de trèfle) qui servait pour les repas et les réceptions. Il fut abandonné au VIème siècle lors de la montée des eaux du lac de Butrint et servit par la suite d'abri pour les pêcheurs, de marché et sans doute d'église au XIIIème siècle.

 

 

 

 

 

Au nord, imposantes fortifications du IVème siècle av.J.C., avec une étroite ouverture surnommée porte Scée et évoquée par Virgile :

« Sur mon chemin, je retrouve une petite Troie, un Pergame qui reproduit le grand, un ruisseau desséché qui porte le nom de Xanthe ; et je baise le seuil de la porte Scée. Comme moi, les Troyens jouissent de cette ville amie. » Enéide, III,349 sqq

Telles sont les paroles d’Enée à son arrivée à Buthrote sur le chemin de l’exil.

 

 

 

 

Porte du Lion : cette porte faisait également partie des fortifications grecques et doit son nom à son linteau en pierre orné d'une sculpture représentant un lion attaquant un bœuf. Cette pierre rectangulaire a été ajoutée au Vème siècle pour abaisser le niveau de la porte et rendre la défense plus aisée. Elle provient d'un autre bâtiment non identifié qui pourrait dater du VIe siècle av. J-C

 

 

 

 

 

 

De l'autre côté de la porte, il faut gravir 20 marches pour découvrir un puits creusé à même la roche durant la période romaine. Les pierres taillées portent les traces des cordes utilisées pour puiser l'eau ainsi que l'inscription grecque ΙΟΥΝΙΑ ΡΟΥΦΕΙΝΑ ΝΥΜΦΟΝ ΦΙΛΗ (" Junia Rufina amie des nymphes ").

 

 

Il ne subsiste quasiment rien des anciennes fortifications et bâtiments antiques de la ville haute. Sur la partie ouest, un fort a été ajouté au XIIIe siècle par les Vénitiens. Celui-ci fut rénové dans les années 1930 pour abriter les découvertes de la première mission scientifique italienne. La tour sert toujours de lieu de stockage aux archéologues et c'est dans la partie souterraine que se trouve le petit mais intéressant musée de Butrint. En remontant, à droite, la terrasse offre un panorama époustouflant sur l'embouchure du canal et sur l'île de Corfou.

 

 

 

Lagune et peut-être Corfou au fond

 

Forteresse triangulaire érigée par les Vénitiens en 1490. Sa forme, très rare à cette époque en Europe, a été imposée par la géographie, puisqu'elle se trouve au confluent du canal et de la rivière Pavllas.

 

La dame de Butrint (copie)

 

 

 

Après le site archéologique, grande balade à pied à partir du parc dans la lagune. Après avoir passé le canal avec un bac rudimentaire mais payant, nous longeons ledit canal sur une bonne distance ce qui nous a permis de voir le lac qui est derrière la presqu’île où se trouvent les ruines.

 

La lagune depuis le site archéologique

 

Passage du bac à pied

Les ruines depuis l’autre rive de la lagune

 

Restes de l’aqueduc ???

Le fond de la lagune

Blockhaus complétement perdu dans la nature

 

Forteresse d'Ali Pacha construite par le « Lion de Ioannina » dit Ali la Hache, dictateur cruel autant que sanguinaire, après la capture des territoires français de l'Épire en 1797. Pas accessible autrement qu’en bateau mais point de bateau en période creuse.

 

On a aussi pu voir quelques oiseaux, cormorans, flamants roses tout blancs sans compter des moutons à la pelle et un berger qui a dû se demander ce que nous pouvions bien faire là.

 

Cormoran en plein vol

Flamants roses… blancs

 

Moutons +/- effrayés par notre passage

 

Pour finir la journée en beauté, obligation de changer de chambre car dans celle que nous occupions, robinet kaput. Le taulier s’est mis en quête d’une chambre avec clim’ chauffante fonctionnelle. Ça a bien pris une bonne heure. Ça va bien parce que l’hôtel est vide, sinon… nous serions restés frigorifiés !

 

SAMEDI

De Butrint nous allons à Gjirokastër soit 110 km en +/- 2 h. Route très tortueuse et étroite, mais de beaux paysages de montagne.

Nous comptions visiter un monastère à Mesopotam mais il est inaccessible à cause de gros travaux de rénovation.

Gjirokastra, 20 000 habitants, serait la plus belle ville d’Albanie selon les guides (toujours).

Si elle paraît sévère de loin, lorsqu’on pénètre dans la ville, l'impression d'austérité est balayée par le charme des maisons biscornues, des ruelles qui se révèlent pavées en motifs noirs, blancs et roses, ainsi que par l'aspect aimable des habitants. Gjirokastra constitue un exemple rare de ville ottomane bien préservée.

Deux des personnages les plus célèbres du pays sont natifs de la ville : le dictateur communiste Enver Hoxha et l'écrivain francophile Ismail Kadaré. Le premier a fait de la ville un véritable musée à ciel ouvert, protégeant l'habitat traditionnel (tout en détruisant au passage la plupart des édifices religieux). Le second chante les louanges de Gjirokastra dans nombre de ses romans.

Depuis 2005, la vieille ville est classée au Patrimoine de l'humanité avec Berat.

La ville est clairement coupée en deux. En bas la ville nouvelle qui ne se visite pas. En hauteur, la ville ancienne avec ses rues pavées et pas faciles à arpenter, il faut sérieusement penser à mettre de bonnes chaussures et bien gonfler les mollets.

 

Ville ancienne

 

Ville nouvelle

Et comme dans d’autres villes, des travaux de voirie. On se retrouve dans une rue en travaux sans être prévenu ! Résultat : bien 500 m de marche arrière dans une rue pentue et tortueuse, de quoi devenir zinzin !

Autre remarque : nous sommes en hiver. Du coup, on trouve beaucoup de portes closes y compris le bureau de tourisme.

On arrive quand même à visiter la citadelle (encore une !). Celle-ci est en très bon état car elle a servi « récemment » sous Ali Pacha…

 

Citadelle depuis notre hôtel dans la vieille ville

Boum, boum

 

Fours à pain

Patriote gigantesque (copie)

 

Touriste désintégré façon puzzle !

Avion américain qui s’est posé à Tirana… désintégré façon pilleur d’épave. En 2009 il était en meilleur état !

 

Tour de l’horloge

Vieille ville depuis la citadelle

 

Belle maison ancienne

Visitable aussi le musée ethnographique, maison natale du cher dictateur albanais.

Cette belle bâtisse de style ottoman a été complètement refaite en 1966, merci Enver comme il voulait qu’on l’appelle ... Elle abrita d’abord un musée anti-fasciste (1966-1991). On y trouve différentes pièces : chambres d'été ou d'hiver, salle pour le travail de la laine, salle de séjour avec de très beaux plafonds en bois, salle à manger avec une belle cheminée sculptée, cuisine, différentes salles pour le café en fonction des saisons, ainsi qu'une salle pour les invités.

 

 

Entrée de la maison

 

 

Prêt à bercer le bébé

 

 

Salon des femmes

 

Plafond sculpté

En revanche porte close pour la maison de Ismail Kadaré.

 

Le coin culture : Ismaïl Kadaré (souvent orthographié Ismail Kadare) est un écrivain albanais, né le 28 janvier 1936 à Gjirokastër, dans le Sud de l'Albanie.

Kadaré étudie les lettres à l'université de Tirana et à l'Institut de littérature Maxime-Gorki de Moscou. En 1960, la rupture avec l'Union soviétique l'oblige à revenir en Albanie où il entame une carrière de journaliste. Il commence à écrire très jeune, au milieu des années 1950, mais ne publie que quelques poèmes dans un premier temps.

En 1963, la parution de son premier roman Le Général de l'armée morte lui apporte la renommée, d'abord en Albanie et ensuite à l'étranger. Dès lors, son œuvre est vendue dans le monde entier et traduite dans plus de quarante-cinq langues.

Après la parution du Général de l'armée morte en France, en 1970, le régime l'a fait député. Il est contraint d'adhérer au Parti communiste albanais, parti gouvernemental. Il n'en continue pas moins sa lutte constante contre le totalitarisme. Écarté de la nomenklatura communiste, il poursuit un temps sa carrière d'écrivain sans heurts, malgré la charge corrosive de ses textes contre la dictature. Son œuvre est publiée et accueillie très favorablement à l'étranger. Kadaré finit par être qualifié « d'ennemi » lors du Plénum des écrivains en 1982 mais aucune sanction n'est prise à son encontre. Entré en disgrâce pour ses écrits subversifs, conçus comme une critique détournée du régime, il est finalement contraint d'éditer ses romans à l'étranger. Se sentant menacé, il émigre en France où il obtient l'asile politique en octobre 1990. Aujourd'hui, il partage sa vie entre la France et l'Albanie.

D’après Wikipédia

 

Maison de I. Kadaré depuis l’hôtel mais sans une totale certitude. Ce qui est certain, c’est la porte close !

 

Le bazar de la ville ressemble furieusement à un « attrape touristes » mais bien des magasins (de souvenirs) sont fermés, idem pour les petits restos et autres pâtisseries.

 

6 h du soir, plus un pékin dans la rue

 

Objets « faits en Albanie », difficile de savoir si c’est vrai

Et pour terminer quelques autres photos de la ville.

 

La maison Fico, XVIIIème siècle, architecture ottomane classique

 

 

Il faut avoir de bons mollets quand on habite Gjirokastra !

 

Maison Babameto, association culturelle, malheureusement fermée elle aussi en hiver

 

Toits de lauzes, typiques de la vieille ville

 

Bazar de jour, pas beaucoup de chalands

 

DIMANCHE

Retour à Tirana, longue étape, 260 km en +/- 4 h.

Décidons de passer par Durrës au lieu d’Elbasan pour rentrer. Erreur, trop de circulation entre Durrës et Tirana et entrée de la ville congestionnée comme d’hab’ avec en plus des travaux conséquents tout récents (quand on dit que ça change...).

DIMANCHE 9 DECEMBRE

Fruit de saison dont il était question dans notre « dernier billet » : c’est l’arbouse qui vient de l’arbousier. L'arbousier ou arbousier commun, parfois appelé arbre à fraises, est une espèce d'arbuste ou de petit arbre de la famille des Ericaceae qui pousse dans l'ensemble du pourtour méditerranéen occidental mais aussi dans le nord du pourtour oriental. Son fruit est appelé arbouse. Bien souvent ce sont les enfants qui cueillent les fruits et les proposent au bord de la route.

C’est notre dernier WE en Albanie et nous restons bien sagement à Tirana. La météo maussade n’encourage pas à faire une dernière sortie.

Nous nous contentons de faire la tournée des crèches. Deux à la cathédrale catholique, rien chez les orthodoxes. Peut-être n’en font-ils pas ? Qui a la réponse ? Ou alors, c’est trop tôt.

 

Crèche à l’extérieur de la cathédrale…

… et à l’intérieur, il y a déjà l’enfant Jésus !

 

 

Cathédrale la nuit

Sur le marché de Noël, très surprenant comme lecture !

 

Mein Kampf en albanais juste à côté de Victor Hugo en albanais aussi !

 

Dernière info, Tirana est envahi par des pères Noël nouvelle génération.

 

Et ça danse de façon endiablée sous l’œil admiratif des parents

 

Pour notre dernier dimanche nous partons à la découverte du siège mondial (rien que ça !!!) du Bektashisme (KRYEGJYSHATA BOTËRORE E BEKTASHIANE en albanais dans le texte).

Mais il faut peut-être donner quelques explications sur cette religion que vous, chers lectrices et lecteurs, ne connaissez pas. Rassurez-vous, nous non plus nous n’avions jamais ouï quoi que ce soit sur ces braves « musulmans » qui semblent très fréquentables !

Le bektashisme (en turc : Bektaşilik ; en albanais : Bektashizmi) est un ordre religieux  issu de la mouvance soufi de l'islam et considéré comme une branche du chiisme par les Turcs.

Haci Bektas Veli, saint homme et mystique philosophe, est le fondateur de la confrérie des Bektachis qui joua un rôle primordial dans l'islamisation de l’Anatolie et des Balkans.

Selon l'UNESCO, l'islam bektachi, avec les apports de Haci Bektas Veli, fait preuve d'une modernité précoce : avec les mots du XIIème siècle, Haci Bektas Veli véhicule des idées qui huit siècles plus tard coïncident avec la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) (sous toute réserve, A VERIFIER).

Toujours est-il que dans l’édifice central que l’on nous a aimablement fait visiter et qui doit servir de lieu de prière (qui ne serait pas une mosquée bien que ça y ressemble beaucoup mais un tekké) :

·       Nous n’avons pas enlevé nos chaussures ;

·       Pas de « mezzanine » pour les femmes ;

·       Pas de tapis mais quelques sièges pour s’asseoir.

 

Devant le tekké, 12 colonnes symbolisent les 12 imams successeurs de Mahomet

 

Ces beaux monuments furent inaugurés en 2015

 

Le baba actuel

 

Pas de tapis. Mihrab au centre de la photo ?

 

Pas d’emplacement réservé aux femmes

 

 

C'est d'ici, à Tirana, qu'est dirigé l'ensemble de la confrérie qui compte environ 7 millions de fidèles dans le monde.

En sous-sol, petit musée sur l'histoire de la confrérie.

 

Les 4 livres sur lesquels la confrérie s’appuie :

La Torah, le Livre des Psaumes, la Bible et le plus récent, le Coran

 

Un derviche ou baba

La tenue d’un fidèle…

 

…et celle d’une fidèle

A côté du tekké, les mausolées de quelques religieux importants, des babas. Les religieux « ordinaires » s’appellent des derviches.

Pour entrer dans les mausolées il a quand même fallu enlever les chaussures.

 

Le Mausolée

Les langues vernaculaires sont acceptées à côté de l’arabe

 

 

Un dernier point : entre le tekké et les mausolées, la statue du 1er baba. Ça ne se fait pas chez les musulmans « orthodoxes ».

 

 

MARDI 11 DECEMBRE

Aujourd’hui, nous avons vu passer sous nos fenêtres une manif’ étudiante. A remarquer qu’ils n’ont rien cassé, rien tagué, rien brûlé, …

Je ne peux m’empêcher de vous donner le texte diffusé sur internet par le média officiel, on croirait lire les nouvelles françaises, le gouvernement entend, … On retrouve les mêmes « éléments de langage » que chez nos politiques.

 

Des milliers d’étudiants venus aujourd’hui de toute l’Albanie protestent sans interruption le huitième jour (= mal écrit = depuis 8 jours). Les étudiants ont lancé un ultimatum au gouvernement albanais pour qu’il réponde aux leurs demandes jusqu’à 16 heures d’aujourd’hui.

Par contre, ils disent que « la manifestation va s’intensifier » et ils vont se déplacer du ministère de l’Education vers le siège du Premier Ministre. Cette manifestation a également rassemblé des étudiants des autres villes telles que Shkodra, Gjirokastra, Korça, Vlora et Durrësi.

Même des lycéens de Tirana ont boycotté l’enseignement aujourd’hui comme symbole de solidarité avec les étudiants.  « Une jeunesse qui ne proteste pas est une jeunesse morte. Nous sommes des étudiants, pas des clients ! » ont scandé les manifestants devant le ministère de l’Éducation.

Et la réponse du Vice-Première Ministre, Mesi : « le gouvernement est prêt à négocier

Le gouvernement albanais a déjà prouvé que tout le peuple peut protester et s’exprimer librement, car il a toujours témoigné sa volonté d’entendre tous les problèmes et de trouver des solutions communes. »

C’est ce qu’a déclaré, la vice-première ministre Senida Mesi, qui a participé à la Conférence annuelle de l’avocat du peuple, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies. Tenant compte également des développements récents de la manifestation organisée par les étudiants, Mesi a souligné la pleine volonté du gouvernement albanais d’écouter la voix de tous et de proposer des solutions aussi.

D’après http://rti.rtsh.al/category/francais/ 

(= radio Tirana qui dans le temps rivalisait avec radio Pékin pour diffuser la « bonne parole communiste » à travers le monde)

 

Le motif de la protestation : l’augmentation des frais d’inscription à l’université. Mais ce qui n’est pas dit, c’est :

·       L’augmentation à 5% du budget de l’éducation. Cela signifie que les frais d’inscription peuvent être divisés par deux pour chaque niveau d’études.

·       L’amélioration de l’enseignement, de l’infrastructure, à la fois dans les universités et dans les résidences des étudiants.

·       La transparence du budget du ministère de l’Éducation et des établissements d’enseignement supérieur et la publication des dépenses en ligne.

·       La construction des bibliothèques selon les normes européennes.

·       Évaluation de la performance des professeurs et la publication en ligne de leur recherche scientifique.

·       Etc.

 

Manif’ pas très dense mais il y en a eu une autre cette aprem’, nous avons croisé au cours de notre balade des étudiants qui en revenaient

 

BILAN DE NOTRE SEJOUR DE 3 MOIS EN ALBANIE.

Ces 3 mois nous ont permis de redécouvrir un pays que nous avions visité durant l’été 2009.

Que de changements ! A la place d’un pays ruiné par un communisme particulièrement dur et en pleine anarchie, nous avons trouvé qu’en 2018 le pays est en plein développement et dynamique.

Cela ne veut pas dire que tout va bien, loin de là. Le chômage est toujours très fort, le désir d’immigration est toujours présent.

 

« Les Albanais fuient la pauvreté et le chômage », confirme Nathalie Clayer, spécialiste de l'Albanie à l'EHESS. Ce petit pays montagneux et rural est l'un des plus pauvres en Europe, avec un salaire moyen de moins de 350 euros par mois. Le taux de chômage des jeunes dépassait les 33% en 2017 selon la Banque Mondiale.  Le pays a l'un des taux d'émigration les plus importants en Europe : un tiers de la population a quitté l'Albanie au cours des 25 dernières années.

Résultat, l'Albanie qui comptait 3,5 millions d'habitants au début des années 1990, en compte moins de 3 millions aujourd'hui. Et la moyenne d'âge qui dans les années 1990 était parmi les plus basses d'Europe (28 ans), est désormais à plus de 37 ans. 

L'exode des Albanais est loin d'être nouveau. « L'Albanie a toujours été un pays d'émigration », poursuit Nathalie Clayer. Le phénomène a été interrompu pendant les 45 ans de régime communiste -l'un des plus fermés en Europe. « Le régime contrôlait même les migrations intérieures, limitant ainsi l'exode rural vers les villes », note la chercheuse. La chute de la dictature en 1991 a aussitôt entraîné un afflux de migrants hors du pays, vers l'Italie et la Grèce principalement. 

Depuis les années 1990, environ 600 000 Albanais se sont établis en Italie, 500 000 en Grèce, d'après les chiffres de Migration Policy. Une partie de ceux qui s'étaient installés en Grèce sont revenus au pays en raison de la crise qui a frappé ce pays à partir de 2008.  (L’express 08/01/2018)

 

Il est vrai qu’il semble y avoir un fort contraste entre les villes qui paraissent « riches » et peu différentes de nos villes françaises par exemple, et les campagnes, (pardon les « territoires » comme disent maintenant nos braves politiques français qui n’ont plus passé le périph’ depuis longtemps) où certains se déplacent à dos de bourricots ou en charrettes.

Mais même en ville, quand on s’éloigne un peu des quartiers touristiques, on découvre des choses pas tristes, immeubles lépreux, habitat probablement insalubre, rues pas goudronnées, terrains vagues ressemblant à des dépôts d’ordure, etc.

 

On ne voit pas beaucoup d’usines récentes mais beaucoup de ruines d’usines (à Elbasan, par exemple) qui doivent dater du communisme. L’extraction du pétrole, telle que nous l’avons aperçue, semble plutôt lamentable sur le plan environnemental.

L’économie est essentiellement agricole, 50 % de la population travaille dans l’agriculture.

 

Un autre problème pour ce petit pays sans moyen, c’est la gestion des ordures. On en trouve partout. Il y a bien des poubelles, mais elles sont fouillées par des sortes de ferrailleurs (d’où des sacs éventrés et à moitié répandus hors de leur container d’origine) et elles n’obéissent à aucun tri ; où vont ensuite les ordures ? C’est dommage, car il y a un bon potentiel touristique, mer, soleil, montagne, randonnée, mais l’environnement ne donne guère envie de s’y attarder. D’autant que des hordes de chiens errants vagabondent dans les rues ; certains portent une étiquette à l’oreille car ils ont été vaccinés contre la rage, mais les autres …

 

Enfin la corruption serait encore bien présente dans le pays, même si des tentatives de lutte contre ce mal sont en cours. Mais il est bien difficile de résister, quand lutter contre cette pratique, c’est risquer sa peau ! d’ailleurs, la procédure d’adhésion de l’Albanie à l’UE a été freinée par la lenteur des progrès en matière de lutte contre la corruption et le crime organisé.

 

C’est paraît-il le 2ème pays le plus pauvre d’Europe, c’est à voir. Toute une économie souterraine ou de l’argent venant de la diaspora fausse peut-être les statistiques.

 

Et pour finir, on bannit les vieux diesels de nos centres villes, où va-t-on les retrouver ? En Albanie par exemple, royaume des vieux tacots, tout particulièrement les Mercedes increvables ! il suffit de voir les camions chargées de voiture d’occas’ qui embarquent dans le port d’Ancône par exemple pour se dire que les pays pauvres sont la poubelle de l’occident développé et bien-pensant.

Mais il y a aussi pas mal de belles et grosses voitures luxueuses, mais ça c’est une autre histoire…

 

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En résumé, même en 3 mois, on est loin d’appréhender un pays.